La flotte d’Omnium marocain de pêche aux arrêts à Tan-Tan

Le PDG de l’Ominium Marocain de Pêche (OMP), Mohamed Laraki se trouve dans une situation peu enviable. Son entreprise halieutique qui était jusqu’à cette date le principal pourvoyeur d’emplois dans la province de Tan-Tan, déclare  être confrontée à de sérieuses difficultés financière. Vendredi dernier, la direction a annoncé un arrêt d’activités de sa flotte de pêche d’une soixantaine de chalutiers congélateurs de type sistership à son port d’attache de Tan-Tan. Les raisons invoquées par la direction du mastodonte, le refus de la banque du groupe BMCE Bank de renouveler les lignes de fonctionnement dont il bénéficiait par le passé, et ce malgré trois mois de durs pourparlers.

Une seconde raison et non des moindres, l’assureur du groupe RMA Wataniya qui lui aussi, a décliné le renouvellement des contrats d’assurance pour le personnel et les chalutiers du premier employeur de la région. L’entreprise qui employait 2200 personnes, était déjà traquée depuis plusieurs années par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS)  pour le non payement de ses cotisations sociales. “Depuis 1981, seuls quelques mois de cotisations ont été payés”, révèle une source proche du dossier, alors que les premières sommations de la CNSS datent de la fin des années 1990. Un délai de dix ans avait accordé à la direction de l’OMP, mais celle-ci s’est accrochée à position initiale en refusant de verser un seul rond à la CNSS. Le PDG de l’OMP a même menacé, de cesser tout investissement si son conflit social n’était pas réglé comme il l’entendait. La CNSS avait haussé le ton en procédant en novembre 2009, à la saisie des comptes bancaires d’Omnium marocain des pêches.
Les marins de l’OMP qui n’ont pas perçu leurs deux derniers mois de salaires et ce depuis l’annonce par la direction d’un arrêt de travail  du 18 juillet au 5 septembre 2011, observent à répétition des sit-in presque dans divers lieux de la ville. La responsabilité de l’arrêt des activités, le PDG de l’Omnium la met sur le dos de la BMCE qui lui refuse le renouvellement des lignes de crédits et se dit prêt à l’attaquer en justice. «Cela nous met dans une situation délicate», reconnait Mohamed Laraki qui affirme par contre, que son entreprise n’est redevable en rien envers son personnel marin. Tous les employés engagés par l’entreprise sur la base de contrats CDD, a-t-il assuré, ont été «payés jusqu’au dernier centime».

Le patron de l’OMP, un septuagénaire qui s’est installé confortablement à la tête de ce conglomérat halieutique dès la fin des années 70, en achetant en partenariat avec des investisseurs libyens, une soixantaine de gros bateaux de pêche à des chantiers navals espagnols, a réussi depuis lors, à diversifier son activité en l’étendant au conditionnement et à la construction navale.

Mais ces dernières années, l’OMP laisse entrevoir des signes d’essoufflement sur fond de protestations sociales parmi les quelques 2200 marins pêcheurs qui se sont retrouvés du jour au lendemain sur le banc du chômage forcé.

Du côté ouvrier, le secrétaire général du syndicat national des officiers et marins de la pêche hauturière (SNOMPH), Abderrahmane El Lyazidi soutient que la protestation ouvrière est une réaction tout-à-fait légitime « à l’arrêt d’activité non justifiée de l’OMP» et les 2200 marins réclament tout juste leur droit au travail et leurs deux mois de salaire impayés.

Pour certains professionnels, le patron de l’entreprise qui éprouve ces dernières années de sérieuses difficultés financières, chercherait plutôt à faire jouer la carte de licenciements collectifs pour se dérober de ses engagements envers la CNSS et en même temps faire pression sur le département de tutelle (Ministère de l’agriculture et de la pêche) afin de l’inciter à lui racheter certains de ses investissements et infrastructures. Interpellé par l’Economiste  sur cette question, Aziz Akhannouch, ministre de la Pêche maritime, tient à souligner que «l’OMP est un groupe important qui a créé de l’emploi dans la région et constitue une locomotive dans le secteur. Il mérite donc d’être accompagné».

Si les propos d’Akhennouch se vérifient, le message de Laraki est donc bien passé.

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