Maroc-élection : désabusé, un agencier de l’AFP penche pour l’affabulation

Une bien curieuse dépêche de l’agence française AFP est venue ce matin animer notre quotidien électoral, par ailleurs assez chargé . Signée de leur « agencier » au Maroc, Omar Brouksy, et intitulée « Maroc/élection: désabusés, des villageois de l’Atlas penchent pour l’abstention » , la dépêche voudrait laisser croire que les villages et contrées reculées du Maroc pencheraient très fortement en faveur de l’abstention, et s’apprêteraient à bouder les urnes. Au delà du fait qu’une agence étrangère soit tenue aux règles élémentaires de prudence lorsqu’elle couvre un évènement aussi important pour un pays que des élections législatives, cette dépêche constitue en réalité une véritable leçon de manipulation pour tous les apprentis propagandistes , quels qu’ils soient et où qu’ils se trouvent . Intéressons nous tout d’abord au titre et à l’entame. En utilisant le mot « désabusé » dans son titre, M. Brouksy oriente dès le début le lecteur, lui signifiant que les villageois sont tous désabusés. Or, bien que l’auteur aie une certaine latitude « journalistique », voire une « licence romanesque » pour relater des informations, il n’en reste pas mois qu’il n’est ni sondeur, ni expert en enquêtes d’opinion. Comment peut-il donc affirmer que ces villageois sont « désabusés » ? L’ont il désigné comme porte-parole ? En second lieu, l’usage de prénoms et de propos rapportés pour tenter d’étayer ses dires constitue une seconde technique bien connue.  En prêtant à « Nezha », ou « Omar » ou « Aîcha » tel ou tel propos, M. Brouksy utilise un proçédé intitulé le « storytelling », ou la « narration d’histoire » afin de mieux attirer le lecteur dans le piège journalistique qu’il tente de tisser.Or, ce dernier sert une idéologie, celle d’une certaine frange du Maroc, dont M. Brouksy fait notoirement partie, puisqu’il a été directeur de la rédaction du défunt « Journal Hebdomadaire », ce qui fait de lui un journaliste militant et…partisan. Rien de mal à cela, chacun a le doit de s’exprimer en démocratie, et personne ne songe à retirer à M. Brouksy le droit de déclamer ses opinions, bien que cela soit au sein d’une agence étrangère étrangement complice de ce type de pratiques. En effet,  il est déontologiquement douteux et moralement inacceptable que des opinions personnelles, émaillées de convictions politiques, soient présentés comme des faits, car à ce moment là, l’agencier de l ‘AFP est  en précisément en train de faire ce qu’il pense dénoncer à longueur de dépêche. Imaginons maintenant l’inverse. Si l’agence marocaine MAP décidait de désigner comme agencier à Paris un ancien du journal l’Humanité (quotidien communiste), et que ce dernier, au lieu de couvrir l’actualité et la vie politique française « pondait » à longueur de temps des articles sur la Ligue communiste révolutionnaire et des reportages sur la fête de l’humanité, gageons que sa crédibilité en serait fortement affecté, et que les autorités françaises seraient-à juste titre- courroucées. Quand l’on sait que le ministère de la communication marocain a longtemps hésité avant d’octroyer son accréditation à M. Brouksy en tant que représentant de l’AFP au Maroc, l’on commence néanmoins à mieux saisir l’agenda obscur de Omar Brouksy…

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