Maroc : les « ras le 20 Février » sortent du bois

Ils étaient censés raser les murs , mais pourtant ils seraient de plus en plus nombreux à s’exprimer ouvertement contre les manifestations récurrentes organisées par le mouvement du 20 février au Maroc, dont la dernière a réuni avec grand peine 5000 personnes à Casablanca dimanche dernier. « Ils », ce sont ces milliers d’anonymes qui en ont « ras le bol du 20(février) » , comme nous le dit Meriem, 20 ans, étudiante en sciences de gestion à Casablanca, qui était pourtant une fervente et enthousiaste supportrice du mouvement de jeunes issus de Facebook. « Les revendications vont dans tous les sens » affirme-t-elle, avant d’ajouter  « Un groupe au sein du 20 février réclamait une augmentation de 2000 DH pour les salariés de certaines grandes entreprises, c’est quasiment un doublement du smic, même les syndicats sont dépassés par cette surenchère qui risque d’asphyxier l’économie ». Avec Meriem, Maha, 21 ans, étudiante en sociologie, est elle aussi une « déçue » du mouvement: « plusieurs d emes amis, ainsi que moi même militions activement, mais nous avons décidé de ne plus suivre le mouvement car il est clair qu’il poursuit un autre agenda… »En effet, poussés par la sémantique issue des partis d’extrême gauche que sont le PSU et Annahj Addimocrati, le mouvement du 20 février a réussi l’exploit de se mettre les  grandes centrales syndicales à dos, comme la CDT, qui a du récemment manœuvrer ferme pour que la discussion avec les entrepreneurs ne dégénère pas suite à uen escalade de revendications insoutenables par les entreprises.

Comme Meriem, beaucoup de sympathisants du 20 Février se détournent du mouvement , même si beaucoup d’entre eux avaient participé aux premières marches organisées dans les grandes villes du Royaume, voulant partager avec le plus grand nombre leur soif de réformes et de plus de justice sociale. Depuis l’annonce par le roi de la réforme constitutionnelle lors du discours du 9 mars, certains se demandent pourquoi le mouvement n’a pas souhaité s’insérer dans la démarche pourtant inclusive prônée par la commission Mennouni. Egalement, se pose la question de l’alternative à la participation au processus de réforme constitutionnel, et de la réinsertion du mouvement dans le jeu politique. En effet, s’il est tout à fait légitime que la jeunesse fasse part de ses revendications, il n’en est pas moins légitime que les citoyens souhaitent que ces convictions s’expriment à travers les canaux appropriés afin que le pays puisse continuer à avancer de manière sereine. En continuant à manifester alors même que le processus de réforme est en cours, et en refusant d’y participer, le mouvement suscitera de plus en plus le type de réactions constatées chez Meriem et les autres anonymes qui n’ont désormais qu’un seul souhait : que tout le monde se remette au travail pour construire le Maroc de demain.

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