Moqadem : vers une remise en cause de l’utilité de cette fonction ?

Le rôle qu’occupent aujourd’hui ces rapporteurs par excellence du Caïd, chef des arrondissements et représentant du walis ou du gouverneur à l’échelle locale, fait débat. Notamment au vu de l’ensemble des actions menées pat l’état en faveur de la modernisation de l’administration et de la régionalisation avancée. Ainsi que de la nouvelle constitution qui pose le principe de bonne gouvernance comme fondement à la poursuite de l’engagement de l’état dans la consolidation et dans le renforcement des institutions d’un état moderne.
Pour plusieurs, la donne a changé. L’ère des Moqadems serait entrain d’être révolue, car en totale decorrélation avec les réalités économiques du territoire. Les nouveaux enjeux du territoire imposeraient de nouvelles méthodes et de nouvelles façons de faire mieux adaptées, et en phase avec le rôle volontiers dévolu au territoire comme moteur de développement et de croissance et non plus comme un moyen de commandement. Certains vont un peu plus loin, en voyant en cette fonction de Moqadem un frein à l’évolution du territoire.
Ils seraient 46 000 Moqadems, à travers les différentes villes et campagnes du Maroc, à être investis d’une seule et même mission : rester constamment informés de tout ce qui se passe dans les quartiers et rapporter tous les faits et gestes susceptibles d’intéresser le caïd.  D’une panne d’électricité, à un suicide en passant par une distribution de flayers ou encore des propos tenus par les imams lors de la prière du vendredi… la liste des tâche est longue et il est quasi impossible d’en faire le tour. Plusieurs éléments caractérisent le métier de Moqadem : multiplicité des tâches, heures de travail incalculables, recrutement au cas par cas, indépendamment de règles administratives ou de formation préalable… De plus le statut juridique d’un Moqadem reste mal défini et celui-ci ne jouit pas pleinement d’un statut de fonctionnaire, et ce, malgré la réforme de l’administration territoriale. Ce qui peut s’avérer parfois lourd de conséquence : absence de numéro de SOM possibilité d’être congédiés sans préavis et sans indemnités, etc. Autrement dit, des conditions de travail  pour difficiles, dont l’efficacité et l’utilité sont aujourd’hui sérieusement remises en cause.
Par ailleurs, étant données la méfiance et la suspicion qui entourent cette fonction, ainsi que Les nouvelles exigences introduites par la gestion et le développement du territoire. Il serait opportun que les pouvoirs publics se penchent sur la question et proposent des solutions en prenant compte de ces éléments, d’autant plus que l’instauration d’un climat de confiance entre l’administration et le citoyen s’inscrit pleinement dans les réformes entamées par le Maroc.