Bien que l’imposante marche de dimanche à Rabat en soutien à la population martyrisée de Gaza ne se soit pas déroulée sous un même slogan, la densité des rangs a délivré le message indéniable que la cause palestinienne demeurait celle de l’ensemble des marocains.
Les chiffres de dizaines de milliers de marcheurs, voire plus, ne rendent pas compte de l’ampleur de la colère contre la barbarie d’Israël. Dans les rangs des manifestants et des manifestantes, l’indignation était à son comble. En s’en prenant aux enfants et aux nourrissons, Israël a dépassé toutes les lignes de la brutalité et de l’inhumanité. Quel argument peut justifier le massacre délibéré d’enfants, fût-ce en temps de guerre ? Le consensus qui se dégage au Maroc lorsqu’il s’agit de dénoncer la répression israélienne, est le reflet de la forte empathie ressentie à l’égard de populations palestiniennes fragilisées et un signe chargé d’humaniste et de solidarité.
Ce n’est certes pas la première fois que les marocains se mobilisent aussi massivement en soutien aux palestiniens, mais la marche de dimanche à Rabat porte une signification particulière. Elle intervient au moment où les pays arabes n’ont jamais été aussi divisés sur la question. La cause de la Palestine est en train de se perdre entre réprobateurs du mouvement islamiste palestinien Hamas, et accusateurs de l’Autorité palestinienne.
Dans ce jeu pernicieux des allégeances, le Maroc a toutefois choisi résolument le camp de peuple palestinien et de sa cause. Les diverses composantes de l’échiquier politique marocain sont unanimes sur la question. Libéraux, démocrates, islamistes ou gauchistes, tous s’accordent sur le soutien à une cause devenue celle du monde entier, en dépit des résistances d’arrière-garde incompréhensibles de la part de nombreux médias occidentaux.
En outre, l’attitude du gouvernement marocain est particulièrement révélatrice de cette constance à l’égard de la Palestine. Le ministère des affaires étrangères avait promptement appelé à l’arrêt immédiat de l’agression israélienne contre la population désarmée de Gaza. Rabat avait qualifié « d’inacceptable et injustifiée » l’attaque, tout en appelant à « faire prévaloir la sagesse». Une position ferme intervenue après la double décision du roi Mohammed VI, président du Comité Al Qods, de débloquer une aide urgente de 5 millions de dollars au profit de la population palestinienne de Gaza, et d’offrir aux blessés la possibilité d’être hospitalisés au Maroc. Cette solidarité agissante a été ouvertement reconnue par l’ambassadeur de Palestine à Rabat, Ali Abdellah Qablaoui, qui a loué la solidité du soutien des marocains avec « leurs frères palestiniens dans leurs rudes épreuves ».