Le TGV marocain passe du stade de simple ambition au projet concret. A partir de ce jeudi, le Train à Grande Vitesse arrive en Afrique. Le coup d’envoi officiel en sera donné par le roi Mohammed VI et le président Nicolas Sarkozy. Tout un symbole d’une proximité politique et économique qui ne fait que se renforcer entre Paris et Rabat.
Bien sûr, les avis sont partagés sur l’opportunité d’opter pour un TGV qui coûtera à la livraison quelque 20 milliards DH, dans un pays où les priorités d’investissement sont aussi multiples que pressantes. Mais les partisans du TGV ne manquent par d’arguments. A commencer par celui de relier Casablanca et Tanger, les deux pôles économiques du pays, en un temps record. Dès 2015, la durée du trajet de 350 km entre les deux villes sera réduite à un peu plus de 2h00 au lieu de 4h45 actuellement. Autre argument et non des moindres, l’ampleur des investissements déployés ces dernières années à Tanger et dans la région Nord en général. Le port Tanger-Med et l’usine Renault en seront à la fois des bénéficiaires et des stimulants. Le premier est l’un des plus grands ports à conteneurs en Méditerranée, appelé à doubler ses activités et à favoriser l’emploi au cours des prochaines années. La seconde est l’usine du constructeur français Renault qui commencera à produire, début 2012, près de 200.000 véhicules par an, destinés en grande partie à l’exportation. Quant à l’argument financier, le Maroc n’est pas seul dans ce projet grandiose, le premier dans le monde arabe. Paris met sur la table pratiquement la moitié du montant total, avec une combinaison de diverses formules de financement. Les Fonds saoudien, koweitien et d’Abou Dhabi complètent le tour de table.
L’aspect économique de ce projet d’avenir est loin d’être négligeable. Il prévoit bien sûr un transfert considérable de technologie et de savoir-faire en matière d’industrie ferroviaire. Il promet de surcroît de donner une image nouvelle d’un Maroc en pleine mutation. Un changement dans lequel la France est fortement engagée. Car, en fin de compte, la forte implication de la France dans la réalisation du TGV marocain, du tram de Rabat qui est déjà en service, et d’autres importantes réalisations encore, est le signe d’une confiance réciproque établie. Elle traduit aussi un soutien résolu au Maroc, qui est engagé dans un vaste chantier de réformes politiques et socioéconomiques sans précédent.