Têtu. C’est l’adjectif qui revient le plus lorsque l’on demande à l’un de ses proches ce qui qualifierait le mieux le ministre du commerce et de l’industrie du gouvernement d’Abbas el Fassi. Au sein de cet exécutif pour le moins hétéroclite, il faut dire que Chami fait figure d’OVNI, jouissant d’une bonne cote de popularité, faisant ainsi l’exception avec Taoufik Hjira, le ministre de l’habitat qui est identifié au FOGARIM, le prêt qu’il a lancé pour accéder à la propriété. Depuis son arrivée à la tête du ministère du commerce et de l’industrie, Chami a fait montre d’un activisme que certains comparent-un peu vite- à de la « bougeotte ».
Il faut dire que, venant du secteur privé (Microsoft, puis groupe Saham), Ahmed Chami n’est pas un habitué des ministères et de la redoutable machine à broyer qu’est l’administration marocaine, alors il souhaite aller vite, au risque de crisper certains de ses interlocuteurs. Pour cela, il constitue autour de lui un cabinet majoritairement composé de jeunes issus des meilleures écoles internationales, auxquels il impose un rythme infernal, au nom du « projet » que le ministre souhaite porter. Avec Chami, tout est une confrontation : que ce soit un budget, un périmètre à investir, un investisseur à convaincre, rien ne peut se faire sans qu’il ne l’appréhende sous l’angle du rapport de force. Prompt à s’emporter, mais tout aussi rapide à se calmer, ce militant actif de l’USFP a pris gout progressivement à l’exercice de la chose publique, et il souhaite désormais parachever son parcours en obtenant un siège de député à Fès, où il souhaite combattre pied à pied le fief Istiqlalien qu’en a fait Hamid Chabat, le maire de la ville. Et pour lui, Chabat se combat d’abord sur Internet. Extrêmement actif sur les réseaux sociaux et sur le site de micro-Blogging Twitter, Ahmed Chami se veut un ministre « câblé » en permanence, ce qui le conduit même à garder son IPAD en réunion, Twittant frénétiquement et mettant à jour son profil Facebook.
Cette « passion numérique » est même devenue tellement dévorante que le ministre a du lui-même la tempérer quelque peu car il passait trop de temps à répondre aux sollicitations des internautes. Au-delà de cela, s’il est un élément sur lequel tout le monde semble s’accorder, c’est qu’Ahmed Reda Chami concentre en lui une grande partie des espoirs de relève des instances dirigeantes de l’USFP, un parti complètement sclérosé et rongé par le népotisme et la gérontocratie. Autre point de consensus pour les observateurs : Chami devra obligatoirement effectuer une opération « relooking » s’il veut espérer continuer à creuser son sillon dans la chose publique. En effet, l’intéressé nourrit une aversion profonde pour les…cravates, qu’il porte systématiquement desserrées autour du cou, et ce en toutes circonstances. Peut être est ce là un moyen de signifier que personne ne pourra lui mettre la bride autour du cou, et que Chami restera libre, malgré les obligations du combat politique et les compromis qui en sont les corollaires inévitables…
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