La nouvelle est tombée ce matin comme un couperet, relayée par l’AFP et Reuters : trois ressortissants occidentaux, deux espagnols et un italien ont en effet été enlevés dans la nuit à Rabouni , QG du Front Polisario se situant en territoire algérien, plus précisément au sud-ouest de la République Démocratique et Populaire Algérienne. Cet enlèvement, probablement orchestré par Al Quaïda au Maghreb Islamique (AQMI), ou l’une des bandes armées ayant prêté allégeance à la nébuleuse terroriste active dans le Sahel, confirme les nombreuses hypothèses selon lesquelles le Front Polisario ne serait plus en capacité de garantir la sécurité des Sahraouis vivant dans les camps, et aurait été infiltré par AQMI, voire aurait tissé avec la franchise local d’Al Quaïda des liens d’assistance mutuels. Depuis plusieurs années, les observateurs et spécialistes en sécurité sahélienne avaient pourtant prévenu contre le risque que le Polisario ne soit contaminé par AQMI, et il semblerait bien que le scénario catastrophe, réfuté avec violence par Alger, soit en train de se dérouler sous nos yeux impuissants. Le premier message extrêmement inquiétant est que les enlèvements sont en train de se situer de plus en plus au nord du Sahel, et dans le cas d’espèce, en plein territoire algérien. Le second enseignement de cet enlèvement est que l’option d’un micro-état administré par le Polisario constitue une menace sécuritaire pour la région dans son ensemble, la balkanisation de la façade nord-occidentale africaine devenant un risque prégnant pour la région dans son ensemble. Enfin, l’on devrait voir dans ces enlèvements le signe que le régime algérien, qui se targue d’être extrêmement performant dans la lutte anti-terroriste et le renseignement, serait en train de perdre pied dans le dossier du Sahara Occidental, et n’est même plus capable de sécuriser les camps de Sahraouis. Cet événement regrettable, qui n’a pas encore été revendiqué, mais qui devrait l’être sous pu, devrait agi comme un signal qui réaffirme la nécessité de régler au plus vite la question du Sahara Occidental, en permettant aux protagonistes réellement concernés par le dossier, le Maroc et l’Algérie, de trouver une solution politique « sans vainqueur ni vaincu », afin de mettre en place une vision et une coopération sécuritaire commune face aux multiples défis qui se dressent devant eux. Enfin, certains voient dans cet enlèvement, qui intervient à quelques mois de l’élection d’un nouveau chef du Polisario, la possibilité qu’il s’inscrive dans une « stratégie du pire » de la part de dirigeants sahraouis qui souhaitent plonger les camps dans le chaos afin d’effectuer une reprise en main sécuritaire dans un climat où la jeunesse sahraouie est fortement imprégné par le « Printemps arabe » et avait revendiqué avec force son souhait de renouveler l’exécutif du Front.
Comments are closed.