Au Maroc, les capitaines d‘industrie confondent allègrement leur patrimoine privé et celui de leur entreprise, fusse-t-elle cotée en bourse. Déplacements personnel, mise à disposition de l’avion de la compagnie aux membres de la famille et aux amis, les exemples d’abus ne manquent pas. Mais le champion incontesté de ce mélange des genres qui serait qualifié sous d’autres cieux d’ « abus de biens sociaux » est sans conteste le milliardaire Anas Sefrioui, Président d’Addoha.
C’est sur le tarmac enneigé de la très select station de ski suisse de Saint-Moritz que l’avion privé de la compagnie Addoha, un Citation Jet de la marque Cessna, immatriculé « CN-TLB », s’est posé en Janvier 2009, comme le prouve cette photo amateur prise par un féru d’aviation qui se trouvait sur les lieux à ce moment . A son bord, toute la petite famille d’Anas Sefrioui, le milliardaire ayant fait fortune dans la promotion immobilière, à la tête du groupe Addoha, côté à la bourse de Casablanca depuis 2006. Ce déplacement à bord de l’avion privé de la compagnie vers les monts helvétiques ennéigés était-t-il motivé par un quelconque conseil d’administration qui justifierait l’usage de l’avion de la compagnie ? Certainement pas, car en réalité, selon des sources bien informées, la famille Sefrioui serait venue s’octroyer quelques jours de vacances dans la station de ski helvétique, comme elle le ferait presque chaque année. Lieu de séjour ? Un hôtel luxueux avec des suites démarrant à près de 3000 Euros la nuit, soit plus de 30 000 DH. Coutumier du fait, Anas Sefrioui utilise « son » avion privé à tout va, n’hésitant pas à faire chauffer les moteurs pour rapatrier un de ses rejetons de l’étranger, ou effectuer un petit voyage express d’agrément. Avec un coût d’exploitation de près de 10 000 dollars américains de l’heure de vol (environ 80 000 DH), ce sont les milliers d’actionnaires du titre Addoha qu’Anas Sefrioui spolie en utilisant à tout va un avion qui devrait être réservé aux déplacements professionnels de la compagnie, et non servir de joujou à des fins privés. En effet, ce comportement est à l’encontre de toutes les règles déontologiques de base pour une entreprise qui a fait appel à l’épargne publique, et qui a dû, de surcroit, aller se refinancer sur le marché après que sa dette aie atteint des proportions inquiétantes en 2009. Selon des sources proches du milliardaire, même les véhicules utilisés par ce dernier-dont une luxueuse Maybach à plus de 4 millions de DH- seraient la propriété de la société Addoha, au mépris des règles comptables en vigueur qui voudraient que les voitures de fonction d’une entreprise ne dépassent pas 400 000 DH. Ce qui est encore plus bizarre et incohérent, c’est que le commissaire aux comptes de la société Addoha (La structure casablancaise d’un grand cabinet international) n’ait jamais pensé à vérifier les bordereaux de vol de l’avion de la compagnie, alors même que ceci entre dans ses prérogatives en tant que responsable certifier les comptes de l’entreprise. Il faut croire que ce type de règle « éthiques » ne s’applique pas lorsque l’on traite avec « si Anas »…
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