La panique est le maître-mot qui prévaut actuellement chez les professionnels de l’agriculture et de l’élevage. Le spectre de la sécheresse qui plane sur le Maroc pèse aussi négativement sur la bonne marche du Plan Maroc Vert. Pour sauver ce qui peut l’être et éviter le pire, le gouvernement a annoncé le déblocage d’une enveloppe de 1,53 milliard de Dirhams. Une somme destinée principalement à la sauvegarde du cheptel menacé particulièrement dans les zones ayant accusé un sérieux déficit pluviométrique. Vu le caractère d’urgence qui s’impose et les appels de détresse incessants lancés par les professionnels, le ministère de l’Agriculture a concocté d’urgence un programme de soutien que le chef du département, Aziz Akhannouch a présenté jeudi dernier devant la chambre des représentants. En cas d’absence ou de faibles précipitations au courant du mois de mars et d’avril, un programme complémentaire est prévu pour parer à une éventuelle dégradation de la situation dans les secteurs concernés.
Selon Akannouch, le programme en question consiste à subventionner 5 millions de quintaux de fourrages, tout en donnant la priorité à l’orge et aux fourrages complexes, le prix ciblé de l’orge destiné aux éleveurs, est fixé à 200 DH le quintal au lieu du prix actuel sur le marché qui avoisine les 500 DH. La botte de paille se vend déjà à 30 DH, un prix appelé à grimper avec l’absence des pluies. Aussi, la hausse des prix de l’aliment de bétail a entraîné par ricochet une baisse conséquente de 16 à 25 % des prix de vente des animaux toutes espèces confondues (bovins, ovins, caprins et équidés).
Le département de l’agriculture est également prêt à prendre en charge les frais de transport des fourrages (3 millions de quintaux), la subvention des prix des semences certifiées, l’exonération de l’orge des droits de douane, la vaccination du cheptel et l’accélération des procédures d’indemnisation par les assureurs des agriculteurs touchés. Pour rappel, le gouvernement avait mis en place un système d’assurance agricole consistant à indemniser les cultivateurs des céréales et légumineuses dans 16 régions du Royaume. Outre cette assurance, le ministère prépare une autre assurance pour les cultivateurs d’arbres fruitiers, olivier et légumes, et une autre pour les éleveurs de bétail. Le programme annuel de cette assurance, qui couvre pour la filière céréalière, près de 300.000 hectares, est géré par l’assurance Mamda.
Les inquiétudes des professionnels des deux secteurs ne cessent de s’amplifier même si on est encore loin de l’ampleur la sécheresse de 2000, la plus dure qu’a connue le Maroc lors de la dernière décennie. A l’époque le gouvernement Abderrahman Youssoufi avait mis en place un fonds contre la calamité, doté d’un budget conséquent de plus de 6 milliards de DH. Bien que ces rallonges budgétaires n’arrangent pas trop le trésor public déjà mises à mal par le contrecoup des revendications sociales et les demandes d’emploi, le gouvernement Benkirane n’a d’autre choix que de mettre la main à la poche pour soutenir ce secteur qui a son poids dans l’économie nationale avec une part de 16% au PIB.