Le prochain sommet maghrébin prévu dans moins de trois mois en Tunisie, risque fort d’être renvoyé aux calendes grecques à cause de la tension qui persiste entre Rabat et Alger.
Malgré les timides rapprochements entre les deux voisins maghrébins, la mésentente demeure toujours vivace autour du conflit du Sahara et de la réouverture des frontières fermées depuis plus de 18 ans.
Le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, connu pour son franc-parler, a reconnu hier jeudi que les conditions ne sont pas encore réunies pour la tenue d’un tel sommet.
Même s’il se tient à la date convenue du 10 octobre en Tunisie, a-t-il dit, le prochain sommet maghrébin, ne sera que formel « tant que les frontières maroco-algériennes restent fermées ».
L’Union du Maghreb Arabe (UMA) qui réunit les cinq pays de la sous-région (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Mauritanie) est restée quasiment moribonde depuis sa création en 1989.
« Les peuples marocain et algérien sont unis par des liens d’amitié et de fraternité mais il est désolant que la direction algérienne soit d’un autre avis sur la question de notre intégrité territoriale », a regretté Benkirane. Le chef du gouvernement faisait allusion au rejet systématique par Alger de toutes les propositions marocaines visant un règlement politique de la question du Sahara occidental, dont la souveraineté est disputée depuis 1975, par le Maroc et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie.
Le porte-parole de la présidence tunisienne, Adnane Monser avait lui-même évoqué dernièrement, la probabilité d’un report du sommet maghrébin, pour, argue-t-il, davantage de concertations entre les capitales maghrébines.
Le dernier sommet maghrébin en date, remonte à 1994, date de fermeture de la frontière entre le Maroc et l’Algérie.
Pour Benkirane, le Maroc mise dans sa politique avec l’Algérie, sur l’avenir et l’histoire. Car, « en définitive, a-t-il dit, il est inconcevable que la France et l’Allemagne se soient réconciliées (après d’âpres années d’une guerre meurtrière) et que l’Algérie soit en situation d’adversité vis-à-vis du Maroc ».
L’UMA qui a été réactivée au lendemain du Printemps arabe grâce au réchauffement des relations entre Rabat et Alger, vise entre autres la création d’une zone de libre échange et d’institutions représentatives communes. Mais le projet maghrébin reste sérieusement, paralysé par les divergences maroco-algériennes autour des dossiers du Sahara et des frontières.