Temps fort de la visite du roi Mohammed VI en Tunisie, son discours devant l’Assemblée nationale constituante a été un fervent plaidoyer pour l’UMA, l’Union du Maghreb créée il y a un quart de siècle par les cinq pays de l’ensemble maghrébin, mais dont le projet continue de piétiner.
Le souverain, qui a eu droit à une longue standing ovation des parlementaires tunisiens présents au complet, a insisté sur le fait que l’Union du Maghreb n’était plus un luxe politique superflu. Elle devenue au contraire une nécessité régionale et stratégique incontournable. Les mutations rapides qui sont à l’œuvre dans la région et dans le monde ne permettent pas aux pays du Maghreb de demeurer en dehors de la logique du temps. La persistance de la fermeture des frontières entre l’Algérie et le Maroc est à cet égard un anachronisme incompréhensible au 21ème siècle.
Ainsi, la mise en place de la zone de libre échange maghrébine ne peut être renvoyée indéfiniment au risque d’hypothéquer l’avenir des générations actuelles et à venir. C’est un leurre de penser que l’état d’immobilisme actuel du projet maghrébin peut être érigé en stratégie. Surtout que la région fait face à d’énormes défis d’ordre économique et sécuritaire. Dans ce sens, les approches exclusives ont largement démontré leur inefficacité, particulièrement au regard des défis auxquels sont confrontés les pays de l’espace sahélo-saharien.
Dans son discours devant l’Assemblée Constituante tunisienne, le souverain a aussi réitéré le soutien du Maroc aux acquis du processus démocratique et aux efforts de consolidation des réformes en Tunisie. De plus, le rejet par l’ensemble des composantes de la société tunisienne de l’extrémisme et du terrorisme constitue un gage de stabilité politique et de reprise économique.
Vendredi, le président Moncef Marzouki avait réservé un accueil chaleureux au souverain à son arrivée à Tunis, accompagné par le prince héritier Moulay Hassan et le prince Moulay Rachid. Le souverain est également accompagné lors de cette visite officielle de trois jours, d’une forte délégation comprenant notamment des membres du gouvernement et plusieurs opérateurs économiques. Au premier jour de ce voyage, les deux pays ont veillé à acter leur volonté de renforcer leur coopération par la conclusion de plus d’une vingtaine d’accords portant sur divers secteurs. La consolidation de la coopération bilatérale embrasse aussi bien les échanges commerciaux que l’intégration régionale ou le tourisme, les transports et les affaires religieuses.
Avec cette visite du roi Mohammed VI et les précédents déplacements au Maroc aussi bien du président Marzouki que du premier ministre Mehdi Jomaa, le décor est planté pour une entente consolidée entre Rabat et Tunis qui «donnera assurément à la complémentarité maghrébine une expression concrète, pratique et réaliste». Car l’agenda bilatéral, en plus de ses objectifs économiques et commerciaux, comporte aussi une perspective maghrébine. Surtout que le Maroc comme la Tunisie, sont de fervents défenseurs de la construction maghrébine et de l’intégration régionale entre ses cinq Etats membres.