Même si rien n’est visible officiellement quand à l’agenda des prochaines échéances électorales (communales et régionales), les islamistes de tout bord commencent déjà à occuper le terrain. Aux législatives de novembre dernier, ils n’étaient que deux partis à rivaliser avec les autres formations, le parti Justice et Développement (PJD) de Abdelilah Benkirane et celui de la Renaissance et de la Vertu (PRV) de Mohamed Khalid, aujourd’hui, ils sont déjà au nombre de quatre formations islamistes à remplir le paysage politique national. Bien plus, le PJD, le PRV, Al Badil Al Hadari et Al Oumma seront bientôt rejoints par deux nouveau-nés qui sont aussi à référentiel islamique. Le premier parti est en cours de création par Mohamed Fizazi, un ex-détenu islamiste, et le second qui est l’œuvre d’un autre ancien détenu salafiste, Khalid El Ghazali, aura bientôt son quitus. Selon les rumeurs qui courent, les dirigeants du mouvement autorisé mais non reconnu d’Al Adl Wal Ihssane, de cheikh Abdessalam Yassine, seraient eux aussi tentés de créer leur propre parti politique pour sortir de l’informel. Donc d’ici la tenue des élections communales et régionales prévues en 2012, le paysage politique sera étoffé d’au moins six nouvelles formations dont le seul dénominateur commun est pour le moment, le référentiel religieux. La bataille pour ces échéances s’annonce déjà très ardue, alors qu’aucune déclaration officielle n’a jusqu’à présent, filtré sur la date exacte de leur déroulement. Les états-majors se trouvent encore dans l’expectative et leurs avis sont partagés à ce sujet. Si tous les partis s’accordent à réclamer plus de visibilité sur ce scrutin pour mieux se préparer, certains comme le PJD, semblent pressés pour sa tenue afin de baliser le terrain pour le renouvellement de la Chambre des Conseillers. Avec l’adoption de la nouvelle Constitution, le Maroc étant à l’heure actuelle, dans une phase transitoire, le chef du gouvernement est tenu d’accélérer la cadence pour la tenue des communales. D’autant plus, la Constitution de juillet dernier, a fixé un an pour cette phase transitoire. Et c’est dans la déclinaison de l’agenda électoral que les choses se corsent. Donc, le temps est compté pour le parti de Benkirane, alors que les états-majors des partis de l’opposition (PAM, RNI, USFP, UC) et ceux des nouvelles formations, le report du scrutin jusqu’au mois d’octobre, leur serait opportun pour mieux préparer leur campagne. Même au sein de la coalition gouvernementale l’option PJDiste ne requiert pas l’unanimité.
Les leaders de certains partis comme l’Istiqlal et le MP estiment préférable de retarder ces échéances, le temps, disent-ils, de préparer la loi organique de la régionalisation, ce qui nécessitera un nouveau découpage électoral et donc de nouveaux délais. Chacun des partis politiques présents sur la scène fait ses propres calculs, mais le dernier mot reviendra surement en dernier ressort au PJD, parti majoritaire qui tient les commandes de l’exécutif.