Les connaisseurs de la relation complexe entre le chef du gouvernement et le Mouvement de l’Unité et de la Réforme n’ont été que passablement surpris par l’élection de Abderrahim Chikhi à la tête du MUR, base arrière idéologique du parti de Benkirane.
Les liens rapprochés entre Benkirane et le nouveau président du MUR sont connus, Abderrahim Chikhi étant membre du cabinet du chef du gouvernement. C’est ce qui fait dire à certains que Benkirane a lancé une véritable OPA sur le MUR. Il est vrai qu’au départ, l’un des candidats, Ahmed Raissouni, un des fondateurs du MUR, s’était démarqué en obtenant la première place avec 340 votes. Chikhi, l’ingénieur informaticien, avait alors glané à peine 166. Il a fallu trois tours et beaucoup de conciliabules et de pressions pour retourner la situation et permettre au protégé de Benkirane de succéder à Mohamed Hamdaoui. Un tour de « passe-passe démocratique » comme l’a qualifié un fin observateur, mais qui a l’avantage de préserver les apparences. En tout cas, l’exercice consensuel au sein du mouvement islamiste a de quoi faire rougir de honte de nombreuses autres formations politiques de la place.
L’autre surprise du congrès du MUR de ce week-end, c’est l’accession de Fatima Nejjar au poste de 2ème vice-présidente. Un précédent pour les mouvements islamistes dans le monde arabe qui, en général, écartent soigneusement les femmes des postes trop en vue. Mais au-delà des symboles, la main de Benkirane était présente en filigrane, ce qui a finalement permis à Abderrahim Chikhi de surclasser les autres prétendants.
En outre, le maintien du bras droit de Benkirane, Abdellah Baha, dans le bureau exécutif du MUR est un autre indicateur de la détermination du chef du gouvernement à garder un doigt dans le mouvement de prédication. Une façon peut être de se prémunir contre les aléas de la politique, même si le MUR appelle dans son rapport stratégique à la « création d’un bloc démocratique pour réussir la réforme au Maroc ».