Privatisation : un moyen pour assainir les comptes de l’état ?

La privatisation redevient un sujet d’actualité. Depuis son lancement en 1993, le programme de privatisation avait pour principaux objectifs la modernisation de l’économie et l’allégement des charges du budget de l’état. Aujourd’hui, on attend de la privatisation qu’elle vienne combler, du moins en partie, le déficit budgétaire. Et ce malgré la volonté affichée du ministère des finances de dissocier les recettes issues des privatisations des autres recettes. En effet, la moitié des montants des privatisations devrait aller dans les caisses du futur fond souverain, l’autre moitié devrait être reversée au fonds Hassan II.
L’état a encaissé 6 milliard de dirhams au titre de l’année 2011. Deux opérations de privatisation expliquent ce montant. Il s’agit de la cession de 20% des parts de la BCP et de la vente de la société des sels de Mohammedia. La cession de 7% des parts de Maroc Telecom, récemment annulée, aurait permis à l’état de bénéficier de 3 milliard de dirhams supplémentaires, faisant ainsi de 2011, la deuxième année à avoir enregistré le plus de privatisations. La première place reste occupée par l’année 2001, grâce notamment à la cession de 35% des parts de Maroc Telecom à Vivendi. De 1993 à 2010 le Maroc aura connu 73 opérations de privatisations pour un montant total de 101 milliards de dirhams, avec 49 milliards de dirhams pour le seul compte de Maroc Telecom, ce qui équivaut à 48% du montant global. D’autres privatisations sont en vue. Il s’agit notamment de Biopharma, de Sonarcos, de Marsa Maroc ou encore du CIH.
Certains voient d’un mauvais œil ces privatisations, à l’image de l’économiste et membre du PJD Lahcen Daoudi pour qui «Nous devons absolument revisiter la fiscalité. Nous avons jusque là travaillé pour les lobbies, ce qui fait que la charge pèse davantage sur le peuple. Il faudrait une fiscalité productive et non une qui remplisse seulement les caisses de l’Etat», nous avons encore beaucoup de niches à raboter. De plus, l’on pourrait également créer des impôts nouveaux. Malheureusement, nous n’avons pas de débat sur le sujet en dehors de la loi de Finances»
Certes si les opérations de privatisation ne peuvent combler entièrement le déficit. Elles n’en restent pas moins importantes pour le trésor. Les recettes fiscales de l’année 2011 devraient atteindre 156 milliards de dirhams, soit une croissance 3,7%  par rapport à l’année 2010 où elles ont atteint 154 milliards de dirhams.