Après avoir dénoncé le blocage dans les négociations pour la formation de son gouvernement et menacé de « rendre les clés au roi », Abdelilah Benkirane est revenu à son discours triomphaliste durant le week-end, promettant la prochaine constitution d’une majorité forte, ce qui est loin d’être acquis pour le moment.
Il faut dire que l’impasse qui perdure depuis un mois et demi, a donné lieu à diverses interprétations pour sortir de la paralysie. Parmi elles le recours à de nouvelles élections, voire à un arbitrage royal. C’est dans ce sens qu’il s’agit de lire les propos atténués du chef du gouvernement, samedi dernier.
Mais même s’il affirme avoir rencontré le patron du RNI, Aziz Akhannouch, à Marrakech lors de la COP22, le chef du gouvernement désigné n’est pas au bout de ses peines. Entre les deux hommes subsiste une pomme de discorde nommée l’istiqlal, qui risque de plomber encore les tractations.
Alors que Benkirane jure ses grands dieux qu’il ne renoncerait pas au parti de Hamid Chabat, Aziz Akhannouch, devenu un joker dans le nouveau jeu politique, ne serait pas prêt à faire cause commune avec le parti de la Balance.
Le dilemme de Benkirane c’est qu’il fait le calcul de boucler sa majorité de 198 sièges au Parlement avec l’appoint de l’un et l’autre partis. Surtout que le chef du gouvernement désigné aurait renoncé à se rapprocher avec l’USFP de Driss Lachgar et écarterait de ses projets le MP de Mhand Laenser.
Ces deux formations, comme le RNI d’ailleurs, dénoncent la logique arithmétique de « partage du butin électoral » adoptée par le chef du PJD pour la constitution du prochain gouvernement.
En attendant le prochain round des discussions, les divers protagonistes restent à la manœuvre à coup de rumeurs et de ballons d’essai distillés sans modération sur toutes sortes de médias, les traditionnels comme les nouveaux…