Pris entre le marteau de s’acquitter de ses fonctions d’argentier du Royaume et l’enclume de diriger sa meute au sein de son parti le RNI, en pleine campagne électorale, Salaheddine Mezouar ne sait plus à quel saint se vouer. Le ministre des finances a retiré à la hâte, mercredi 21 septembre, son projet de loi de finances pour 2012, dont il venait cinq heures auparavant, de déposer des copies dans les bureaux des chefs de groupes parlementaires. La discussion du projet en vue de son adoption devait être entamée ce jeudi par les membres des Chambres des Représentants et des Conseillers lors d’une séance conjointe prévue dans le cadre de l’actuelle session extraordinaire.
Mezouar aurait reçu à la dernière minute des consignes du chef du gouvernement, Abbas El Fassi de retirer tout simplement le dit projet du parlement et de demander le report de la séance plénière qui devait s’ouvrir jeudi à 17H00. Quelles sont les raisons de cette volte-face alors qu’à peine deux jours passés, c’était le Conseil de gouvernement tout entier qui a donné l’aval à Mezouar d’aller défendre à l’hémicycle son budget 2012. Pour rappel, contrairement au vœu formulé il y a peu de temps par Mezouar, de laisser la besogne d’élaborer et de présenter le projet de loi de finances, au prochain gouvernement qui sera issu des législatives du 25 novembre, Abbas El Fassi insistait en personne, pour que la procédure de son adoption soit accélérée. Il parait que l’actuel exécutif s’est rétracté après avoir refait ses calculs et approfondi sa réflexion sur la porté de cette décision qui risque d’être lourde de conséquence tant pour le futur gouvernement que pour les futurs élus des deux chambres du parlement et le ou les partis qui sortiraient vainqueurs du prochain scrutin. Ce qui est sûr, c’est que la décision hâtive du gouvernement Abbas a étonné plus d’un des membres de deux Chambres du parlement, qui se sont dits fortement surpris et étonnés par le retrait dans une totale confusion, du projet de loi de finances et le report de la séance plénière.
Pourtant, les représentants de la nation ont été avisés par SMS, juste à la veille de cette séance de jeudi, de l’intention du ministère des finances de vouloir présenter son projet de loi.
Parallèlement, ce dernier a procédé au retrait des copies du projet de loi de finances des bureaux des chefs de groupes parlementaires, quelques minutes après leur dépôt.
Même le ministre en charge des relations avec le Parlement, Idriss Lachgar qui confirmait la nouvelle, n’a pas pipé mot sur les raisons de cet ajournement, alors que Mezouar a expliqué le geste du gouvernement par sa volonté de ne pas vouloir hypothéquer l’action du prochain exécutif. Pour bon nombre d’observateurs, la présentation du projet de loi de finances 2012 au parlement pour son adoption en un temps record (le projet doit être adopté avant le 14 octobre afin que démarre la campagne électorale), est à vrai dire, une opération un peu tirée par les cheveux en parlant timing. Elle est aussi en quelque sorte déraisonnable et illogique, vu que c’est le futur gouvernement qui naitra après les prochaines législatives, sera ainsi condamné d’en assumer toute la responsabilité et les conséquences. Il était donc plus logique, estiment-ils, de laisser tous l’habilité au prochain gouvernement de mettre au point son propre budget sur la base des engagements pris par le ou les partis vainqueurs des prochaines élections, au lieu de l’obliger à travailler à coup de loi de finances rectificatives, sur un budget et des prévisions conçus et adoptés par une autre équipe et un autre parlement qui s’apprêtent a abandonner le gouvernail. D’amples explications sont attendues du gouvernement pour ce jeudi, même si les représentants de la Nation se trouvent déjà impuissants devant un fait accompli.
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