Avec la désaffection d’une frange importante de la population marocaine pour la politique, quels sont les scénarios envisageables pour les élections législatives prévues en Octobre prochain ?
Il faut tout d’abord souligner que le résultat du vote référendaire de réforme de la constitution, qui devrait se dérouler fin juillet, sera probablement l’élément déterminant pour la future configuration de l’échiquier politique marocain. En effet, avec un taux de participation élevé (plus de 70%) l’on peut s’attendre à ce que cette même participation soit assez importante lors des législatives, ce qui conforterait la légitimité des partis qui se placeraient en tête. Egalement, le résultat du vote référendaire impactera très fortement le résultat des élections puisqu’un probable « oui » massif à la réforme de la constitution devrait placer les partis politiques qui ont été les plus proactifs en position favorable. Néanmoins, la très grande difficulté rencontrée par le instituts spécialisés pour effectuer des sondages fiables au Maroc (pondération rural/urbain, accès au téléphone, etc.), ne permet pas , à ce jour, de dessiner les contours du futur découpage du champs politique. En lieu et place des sondages, c’est plutôt radio-café-médina qui imagine l’avenir. Ainsi, pour nombre d’observateurs, il est inimaginable que le parti de l’Istiqlal (PI) puisse « rempiler » à la première place, bien que personne ne s’attende à un net repli du parti qui dirige le gouvernement depuis 2007. « Malgré la forte contestation centrée sur Abbas el fassi, l’Istiqlal conserve sa légitimité et ses instances régionales sont très actives, sans compter que le parti peut s’appuyer sur une base militante très forte », nous a affirmé ce fin connaisseur des arcanes politiques marocaines, qui estime qu’au « pire des cas, le PI sera second, voire troisième ». En effet, hormis Abbas el Fassi, le PI peut compter sur la cote de popularité très élevée de ministres tels que Karim Ghallab ou encore Taoufik Hjira, ou de l’omniprésence médiatique et Internet du populiste maire de Fès, Hamid Chabbat. Côté prétendants à la première place, plusieurs analystes estiment que l’USFP pourrait bien créer la surprise du fait de l’accalmie –relative- qui règne entre les « éléphants » du parti, et le fait que la jeune garde représentée par des figures emblématiques telles que Ali Bouabid ou Omar Balafrej se soit particulièrement illustrée dans le débat autour de la jeunesse et du 20 Février. Côté RNI, le parti de Salahedinne Mezouar ambitionne certes de jouer les premiers rôles, mais il semblerait que même l’exécutif du parti ne joue pas la première place, après avoir analysé finement la composition de son électorat, plutôt bourgeois et urbain. Le PJD constitue pour l’instant la plus grande inconnue. En mesure de présenter un grand nombre de candidats , le parti islamiste modéré (selon la formule consacrée), a semblé quelque peu dépassé par les mouvements de jeunes, et a adopté une position de repli face à la réforme qui laisse à penser qu’il ne vivra pas son « grand soir » en Octobre. Enfin, le Parti Authenticité et Modernité (PAM), qui a été l’objet de beaucoup de citriques- mais qui s’est néanmoins placé en tête lors des dernières élections locales- pourrait constituer la surprise du fait de son ancrage régional construit à travers force alliances, et constituer une force non négligeable au sein de la future majorité gouvernementale. Si une seule chose est sûre en ce moment, c’est que cette dernière sera forcément une …coalition, et donc une alliance , aucun parti ne pouvant prétendre à obtenir seul la majorité au parlement .