Quelques jours après les élections tunisiennes, les responsables politiques marocains ont des sueurs froides. Non pas à cause du niveau des islamistes d’Annahda, leur percée spectaculaire était prévisible et prévue, mais en raison du taux de participation stratosphérique de près de 90%, qui, de facto, place la barre très haute pour le Maroc. Or, en 2007, bien que les élections se soient déroulées de manière « globalement satisfaisante »- pour reprendre une expression consacrée- le taux de participation de 37% avait été un véritable coup de tonnerre dans un ciel politique marocain endormi par cinq années d’atonie technocratique sous la férule du policé Driss Jettou. Quatre années plus tard, qu’en est il ? Personne ne peut répondre avec certitude à cette question, dans la mesure où le plus grand parti du Maroc, l’abstention, continue à peser de tout son poids, malgré les tentatives de différents partis politiques de mobiliser l’opinion. Cette dernière est-elle en situation de déclencher le grand sursaut citoyen que commande le moment ? Malgré les nombreuses déclarations rassurantes, l’on ne semble pas prendre le chemin d’une participation exceptionnelle, et le taux de bulletins blancs pourrait, lui aussi, s’inviter à la fête pour grossir les rangs des mécontents.Or, l’enjeu le plus important de cette élection de 2011 est précisément de faire vivre la nouvelle constitution, qui elle, a été adoptée à une majorité écrasante, et avec un taux de participation plus que correct. Que s’est il donc passé depuis le 1er Juillet pour que l’on s’inquiète à nouveau du niveau éventuel de participation ? Pour faire court, la non émergence d’une figure charismatique capable de prendre de manière énergique la conduite du futur exécutif a été la première déconvenue de l’été pour les marocains. L’atonie du mois de ramadan a elle aussi contribué à faire baisser la ferveur politique des six premiers mois de l’année. Enfin, l’absence de programme politique et d’offre d’un discours qualitatif et moderne a définitivement achevé de tuer une dynamique pourtant prometteuse. Aujourd’hui, il reste un mois exactement avant la tenue d’élections législatives cruciales pour la suite des évènements au Maroc et personne ne semble prendre la mesure des enjeux qui se dressent devant nous. Il ne reste donc plus aux marocains qu’à espérer qu’un leader politique ayant assez de cran pour tenir à la fois un discours crédible tout en étant en mesure de proposer un projet de société à la hauteur des aspirations d’un peuple échaudé par les promesses non tenues par ses politiques.