A l’approche des élections du 25 novembre, le Mouvement islamiste Al Adl Wal Ihssane multiplie les sorties hostiles aux législatives anticipées, les premières organisées depuis l’adoption de la nouvelle constitution marocaine .Insatisfaite de son appel au boycott de ces élections qui n’a eu qu’un écho limité , la Jamaâ islamiste met les bouchées doubles pour dissuader les électeurs d’aller au vote. Pourtant, l’issue de ces échéances sera décisive pour l’évolution future de la démocratie, dont les fondements ont été renforcés le 1er juillet 2011 à travers le processus référendaire, et ce, bien que certains auraient souhaité que la réforme aille plus loin. Frustrés de voir que l’appel annonçant leur boycott des élections n’a pas eu l’effet escompté, les troupes du vieux cheikh Yassine se sont cru en droit d’importuner les passants par des tracts incendiaires. En février déjà, le mouvement factieux dont tout le monde sait que le rejet de la violence politique n’est que de façade, avait exulté à la descente dans la rue des jeunes du 20 février qui réclamaient des réformes politiques et sociales. Mais très vite, la troupe adliste qui continue de se nourrir des difficultés sociales des couches les plus vulnérables, avait essuyé le rejet des jeunes manifestants.
Ces derniers ont résolument protesté contre les tentatives d’Al Wal Ihssane de dévoyer leurs revendications pour servir les objectifs inavoués de la Jamaâ. Finalement, avec l’essoufflement du mouvement du 20 février qui peine à mobiliser pour ses manifestations dominicales, les adeptes du vieux cheikh ont décidé de changer de tactique. Objectif, anticiper et faire douter de l’honnêteté des opérations électorales dans leur ensemble, en tant que telles. Le moyen est simple : ressortir la vieille rengaine de la Jamaâ disant que « personne ne croit en la transparence et l’honnêteté des prochaines échéances, y compris ceux qui vont y prendre part ». Sur la base de ce procès d’intentions, on peut s’attendre à tout de la part des islamistes d’ Al Adl Wal Ihssane. Ainsi, même si on peut craindre d’ores et déjà un taux élevé d’abstention, le cheikh Yassine ne pourra honnêtement pas s’en attribuer le résultat, les électeurs ayant décidé d’eux-mêmes de bouder les urnes. Ceci tient certainement à une évidente répulsion des électeurs pour l’opportunisme aussi bien que l’attentisme d’une bonne partie de la classe politique, y compris du Mouvement islamiste, plutôt qu’à un mot d’ordre lancé par le vieux derviche de la Jamaâ .