« Ils lui ont fait une piqûre d’adrénaline ou quoi ? »Cette question a été posée par l’un des membres du bureau exécutif du parti de l’Istiqlal suite à la crise de nerfs piquée par « Si Abbas » dimanche soir, lors d’une réunion des hautes instances du parti de l’Istiqlal, au cours de laquelle le chef de gouvernement n’a pas eu de mots assez durs pour fustiger les « partis de l’administration », faisant référence au PAM de Fouad Ali El Himma, ou encore à la récente « coalition pour la démocratie » emmenée par Salahedinne Mezouar . Fort d’une combativité que seules les fins de mandats savent donner, Abbas El Fassi n’a en effet plus rien à perdre, sauf…réussir sa sortie, là où il avait raté son entrée ainsi qu’une grande majorité de son mandat. Soucieux de se créer une consistance à moins d’un mois de législatives, le chef du gouvernement adopte un ton de plus en plus agressif à l’encontre de la coalition du G8, et a « impulsé » les attaques à répétition contre son ministre des finances, Salahedinne Mezouar, en utilisant notamment le quotidien « El Alam » et son éditorialiste vedette Abdallah Bakkali, doté d’une plume plongée dans l’acide nitrique. Ainsi, selon « El Alam », il est reproché tour à tour à Mezouar de mener campagne illégalement à Meknès en faisant usage de moyens de l’état, de promettre des avantages économiques en échange de son éléction, et de fréquenter des personnes inquiétées par la justice. Suite à la publication de cette série d’articles, Mezouar aurait piqué une colère noire et aurait demandé des comptes à son premier ministre.
Ce dernier s’est retranché derrière « l’indépendance éditoriale » du journal, redoublant ainsi la fureur de Mezouar. Or, en sous main, il apparaît que Abbas El Fassi s’avère un redoutable manœuvrier lors des périodes électorales, car ce dernier sait que Salahedinne Mezouar joue l’ensemble de sa –courte- carrière politique sur son élection au suffrage direct à Meknès, épreuve qu’il n’a jamais endurée auparavant, et qui fera office de baptême du feu pour celui qui se rêve en successeur de Abbas El Fassi. Au sein du comité exécutif de l’Istiqlal, les « éléphants » du parti de l’indépendance ont eu du mal à cacher leur surprise devant la liberté de ton nouvelle de leur chef, et ont voulu y voir une volonté de s’émanciper du carcan gouvernemental qui pesait lourd sur les épaules de Abbas El Fassi. Certains ont ainsi été prompts à rappeler que le lion avait encore quelques dents -malgré son apparente fragilité- et qu’il pouvait mordre ses adversaires. D’autres estiment que l’Istiqlal vendra chèrement sa peau lors des prochaines élections législatives, et que son secrétaire général sortant est déterminé à conduire le vieux parti vers un nouveau mandat à la tête du gouvernement. El Fassi aurait même choisi son champion pour lui succéder, mais se refuserait à en dévoiler le nom pour l’instant. Une seul chose est sûre, il ne s’agirait ni de Karim Ghellab, actuel ministre des transports, ni de Mohamed El Ouafa, fraîchement rentré de son ambassade du Brésil et candidat ouvertement déclaré pour lui succéder. Lorsqu’on lui demande quand il indiquera vers qui irait préférence, « Si Abbas » fait un sourire énigmatique et réponds « bientôt ». Pour paraphraser ce chef d’œuvre cinématographique qu’est « Usual Suspects » : « le coup le plus rusé du diable, c’est de convaincre tout le monde qu’il n’existait pas ». Certains se mettent à penser que finalement, Abbas El Fassi a peut-être été un chef de gouvernement beaucoup plus futé qu’on ne le pense, comme une sorte d’ultime avatar de Roger « Verbal » Kimt…
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