Alors que l’on se dirige vers une assez nette victoire du PJD aux élections législatives de vendredi dernier, cette avancée du parti islamiste constitue une véritable mini-révolution du champ politique marocain, traditionnellement très éclaté. en réussisant à porter sur son nom plus de 20% des électeurs, le PJD est en passe de devenir à lui seul un pôle politique , portant ainsi au nombre de trois les acteurs majeurs si l’on y ajoute la Koutlah démocratique et le G8. Ce dernier est au cœur d’intenses spéculations sur sa pérennité et durabilité, puisqu’au sein de partis qui le composent, des voix se sont fait d’ores et déjà entendre pour réclamer son démantèlement et un renouvellement des leaders, dont Salahedinne Mezouar ou Mohand Laenser du MP. Ces deux derniers sont désormais sur des sièges éjectables, et il se murmure que des demandes de congrès extraordinaires devraient apparaître dans les jours qui viennent. Ceci pourrait paraître légitime dans une certaine mesure, puisque ces appareils « construits pour gouverner » n’ont semble-t-il , pas été formatés pour aller dans l’opposition. Ainsi, il est inimaginable aujourd’hui pour beaucoup de députés du G8 de se retrouver sur les bancs de l’opposition, après avoir pratiqué ceux, autrement plus confortables, du gouvernement. Qui pourrait ainsi imaginer un Aziz Akhannouch, nouveau député de Tafraout, en parlementaire « ordinaire », obligé de croiser le fer avec son successeur au portefeuille de l’agriculture ? D’autre part, la logique qui présidait à la création du G8 semble en grande partie « caduque » puisque la mise en place d’un front anti-pjd n’a pas résisté à l’engouement des électeurs pour les islamistes. Ainsi, ce pose avec acuité la question du leadership de l’opposition, en sachant que cette dernière dispose désormais de prérogatives élargies avec la nouvelle constitution, qui lui confèrent des pouvoirs étendus en matière de contrôle de l’action du gouvernement ou en termes impulsion d’un vote de défiance. Tout ceci dépendra en fait du type de coalition que le PJD arrivera à mettre en place pour former son gouvernement ?.
Disposant d’une avance confortable, le PJD pourra probablement mettre en place une majorité avec un minimum de partis, poussant inexorablement une grande partie du G8 dans l’opposition. Cette configuration assurerait au futur exécutif un maximum de cohérence idéologique, ainsi qu’une solidarité accrue en termes d’exercice du pouvoir, prémunissant ainsi le PJD d’une éventuelle défection qui lui ferait tomber « sa majorité ».
A contrario, les islamistes pourraient être tentés d’élargir et de tenter de faire quelques « prises de guerre » emblématiques au sein du G8, afin de s’assurer s’une large majorité, nécessaire notamment pour l’examen puis le vote des lois organiques. En tout état de cause, l’on devrait être fixé assez rapidement sur la composition de la majorité, car les cercles bien informés estiment que le roi devrait nommer le premier ministre « très vite » après la proclamation des résultats définitifs.