Les tractations politiques actuelles ont cela de spécial que c’est la première fois au Maroc qu’un chef de gouvernement issu des urnes, doit se donner de la peine pour former une coalition. Toutefois, l’exercice peut se révéler à terme salutaire pour l’ancrage définitif du Maroc dans l’ère de l’alternance et de la normalité démocratique.
Fini donc les sourires de vainqueurs affichés les premiers jours. Privés de la majorité absolue, les islamistes du PJD doivent aller au charbon pour former le cabinet. Jusqu’ici, le chef du gouvernement nommé, Abdelilah Benkirane a affiché sa préférence pour une coalition avec les partis dela Koutla.Etsi la participation de l’Istiqlal paraît acquise, les choses ne sont pas aussi simples côté USFP. Les indiscrétions qui filtrent des coulisses du parti de la rose, laissent apparaître de profondes divergences entre participationnistes et refuzniks. Pour ces derniers, les socialistes gagneraient énormément à se retirer dans l’opposition, pour au moins deux raisons : la première est qu’un retour à l’opposition permettrait peut être au parti d’Abderrahim Bouabid de mettre de l’ordre dans la maison. Ce sera l’occasion d’une réconciliation avec les bases, laminées par une décennie au pouvoir ruineuse pour le parti. Cela lui permettrait, peut-être aussi, de rapprocher les positions avec les autres composantes de la gauche qui en veulent tellement au parti de la rose. La seconde raison, c’est qu’en se retirant dans l’opposition, l’USFP fera œuvre utile pour la clarification du champ politique marocain dans son ensemble. Un tel positionnement forcera certainement le chef du gouvernement désigné à chercher des alliances dans sa propre famille politique : l’Istiqlal, le Mouvement Populaire (MP) et l’Union Constitutionnelle (UC). Les trois partis conservateurs réunis disposant ainsi d’une majorité confortable, sans besoin de recourir à des alliances contre-nature. Dans l’opposition, l’USFP reprendrait sa place d’antan aux côtés du PPS. Dans le camp des centristes, se retrouveraient les autres partis du G8, RNI et PAM en tête.
Une telle configuration pourrait être un premier pas vers une plus grande cohérence des alliances et une rationalisation du champ politique autour de pôles clairs et lisibles. Surtout, elle aura l’avantage de clarifier le jeu politique et de favoriser la réconciliation du citoyen avec la classe politique et l’ouverture de la voie à une véritable alternance politique.
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