Mères célibataires : un drame social longtemps ignoré !

Chaque jour au Maroc, 83 femmes donnent naissance à un enfant hors mariage, 153 enfants naissent de père inconnu et 24 d’entre eux sont abandonnés. Tels sont les tristes chiffres que nous révèle l’étude récente de l’Institut de Solidarité avec les Femmes en Détresse (INSAF).

Promesses de mariage, viols, fragilité de la situation économique et sociale… autant de facteurs qui sont à l’origine d’une triste  réalité, accentuée par un rejet social et un déni institutionnel qui animent le quotidien de ces femmes. Entre la sanction des relations sexuelles hors mariage (article 490 du code pénal), la « hchouma », le mépris et la marginalisation, ces « pauvres » mères, âgées pour la plupart entre 20 et 25 ans, mènent la vie dure ! Rappelons au passage, que dans le code de la famille, la filiation paternelle n’existe pas. Pire encore, ce même code ne permet pas à la mère de demander au père de reconnaitre son enfant en ayant recours à  l’analyse ADN, et ce malgré les avancées notables dues à la réforme de 2004. Quand bien même la filiation par ADN venait à être établie, le père a toujours la possibilité de refuser de reconnaitre l’enfant. De plus, les deux parents ne seront pas dépénalisés puisqu’ils peuvent faire l’objet de poursuites judiciaires au titre de l’article 490. Ce qui complique davantage la donne.

Abroger l’article 490?

Et si l’article 490 était abrogé ? C’est en tout cas ce qu’un bon nombre d’associations militant en faveur du droit des femmes revendique. Toujours est-il que cette revendication qui peut paraitre  pour le moins « logique » se heurte inévitablement au droit musulman, dont le code de la famille est inspiré. Il faut ici préciser que la réforme constitutionnelle, dont les résultats sont attendus incessamment , devrait renforcer l’égalité entre les sexes et donc de facto rendre caduque des articles tels le 490. En effet, une autre étude commandée par le ministère de la jeunesse et des sports en 2010 révèle que les marocains et marocaines se marient de plus en plus tard, du fait de la double pression induite par la peur de s’engager et du manque de ressources de la jeunesse. Autant de facteurs qui conduisent de plus en plus de marocains en couple à vivre sous le même toit, sans pour autant passer devant les « adouls », faisant d’eux des…criminels en puissance, habités par la crainte de se faire dénoncer.

 

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