Après le laborieux début qui a marqué la formation de la coalition gouvernementale, les tractations pour la répartition des portefeuilles progressent à un rythme plus soutenu. Le tout au milieu d’interminables spéculations sur le butin obtenu par chacun des quatre partis, membres de la coalition gouvernementale, ce qui offre l’image de conciliabules de marchands de tapis.
Ainsi s’il est quasiment acquis que la présidence de la Chambre des représentants reviendrait à l’Istiqlal, c’est le flou artistique qui enveloppe le sort des autres postes stratégiques. Néanmoins, certaines « fuites » organisées ne sont pas passées inaperçues. Notamment celle d’une possible affectation de confortables strapontins de ministres d’Etat sans portefeuille à des caciques de l’ancien gouvernement. S’il s’avérait vrai, ce retour de dinosaures de l’exécutif sortant s’inscrirait à rebrousse-poil de la demande générale pour un indispensable rajeunissement du personnel politique. Un tel scénario s’inscrirait en porte-à-faux par rapport aux promesses électorales du nouveau premier ministre lui-même. Le PJD n’a pas cessé de réclamer l’ouverture d’une nouvelle page où le renouvellement des générations et la méritocratie seraient la règle. La réintégration d’anciens poids lourds aura certainement le mérite de renforcer l’équipe gouvernementale par des profils expérimentés et aguerris. Mais ce choix signifierait aussi un nouveau pas en arrière concédé par les amis d’Abdelilah Benkirane. Le premier avait été le recul sur l’objectif de former un gouvernement ramassé de 15 portefeuilles. Le nouveau chef du gouvernement a finalement été acculé à doubler pratiquement ce chiffre pour le porter à 28 ou 30 postes, face à la boulimie des trois autres partis de la coalition. C’est dire la guerre sans merci qui se déroule autour des postes ministériels.
En tout état de cause, le cabinet Benkirane ne devrait plus tarder à voir le jour, vraisemblablement cette fin de semaine ou au début de la semaine prochaine, avant d’être reçu par le roi. La déclaration gouvernementale qui engagera le nouveau cabinet est également très attendue, compte tenu de la composition hétéroclite de la nouvelle équipe. Et malgré ses imperfections, de grands espoirs restent fondés sur cette expérience pour l’ancrage d’une nouvelle tradition démocratique, définitivement basée sur une alternance dictée par le verdict des urnes.