C’était une séance tumultueuse celle qui a porté hier, le candidat istiqlalien, Karim Ghellab à la présidence de la Chambre des représentants. A l’origine de ce tintamarre, une contestation d’ordre constitutionnel, des députés socialistes formant l’opposition aux côtés de leurs collègues du Rassemblement National des Indépendants (RNI) et de l’Union Constitutionnelle (UC). Les députés de l’USFP ont brandi le carton jaune devant la candidature de Karim Ghellab, qui portait encore la casquette de ministre de l’équipement et du transport. Les socialistes ont brandi l’article 14 de la loi organique de la Chambre des représentants qui interdit le cumule des fonctions exécutives et législatives et constitue de ce fait, une « violation de la Constitution ». Les co-équipiers d’Abdelwahed Radi, président sortant de la Chambre basse qui réclamaient au préalable la démission de Ghellab de son poste ministériel avant de se présenter au perchoir, ont achevé leur chicane qui a duré plus d’une heure et demie, par un retrait dans les règles de l’art, de l’hémicycle. Ils ont été suivis dans la foulée par des députés de l’UC, alors que les RNIstes sont restés cramponnés à leurs sièges pour soutenir leur candidat à ce poste, Mohamed Abbou, ancien ministre de la Modernisation des secteurs publics. Celui-ci se présentait sous les couleurs du RNI, principale formation de l’opposition avec 52 députés, mais à la fin du vote secret, c’est Ghellab qui l’a emporté sur son unique rival par 222 voix contre 82 pour le candidat RNIste. Les quatre partis (PJD, Istiqlal, MP et PPS) formant la coalition gouvernementale conduite par le S.G du Parti Justice et Développement, Abdelilah Benkirane, comptent une majorité de 217 sièges auxquels il faut ajouter une dizaine d’autres détenus par des petites formations politiques qui comptent se ranger du côté de la majorité.
Aussitôt après son élection, Ghellab a présenté sa démission de son poste de ministre de l’Equipement et du Transport, démission qui été transmise et acceptée par le Roi Mohammed VI.
A présent, l’hémicycle va céder la place à partir de ce mardi, à l’élection des vice-présidents de la chambre, les présidents des commissions spécialisées et les chefs des groupes parlementaires. Bien entendu l’opposition aura elle-aussi sa part du gâteau. Elle a non seulement droit à une vice-présidence de la Chambre qui ira probablement à un député de l’USFP, mais aussi à la présidence de la commission de justice et législation.
Après les accusations et contre-accusations postélectorales entre la majorité et l’opposition à travers les médias, lundi c’était au tour de l’hémicycle d’être la scène des premières escarmouches entre les deux blocs, mais la bataille ne fait que commencer.