Budget : le choix cornélien de Benkirane

Un conseil des ministres est prévu le 8 février. Il devrait certainement examiner le budget 2012 qui se fait attendre. Mais de quel budget s’agira-t-il au juste ? Il est désormais exclu que le gouvernement Benkirane procède à un simple réaménagement de la mouture préparée par le gouvernement sortant. Dans ce cas, quelle sera la configuration du nouveau budget ?

Lors de la présentation de son programme devant le parlement, Abdelilah Benkirane avait fixé ses priorités. Créations d’emplois, financement des programmes sociaux et poursuite des projets d’investissements. Mais les ardeurs du chef du gouvernement ont été presque aussitôt tempérées par Nizar Baraka, son ministre des finances. Les projections ont été modifiées et actualisées à la lumière de l’aggravation de la conjoncture internationale. Ainsi, il n’est plus question des 5,5% de croissance promis par Benkirane. La croissance ne dépassera pas 4,2% en 2012, conjecture Nizar Baraka. C’est la conséquence directe de la crise dans les pays de l’Union européenne. Le Maroc devrait être plus particulièrement impacté par la morosité économique chez ses deux premiers partenaires économiques et financiers: la France et l’Espagne. Se pose alors la question de savoir comment le gouvernement compte s’y prendre avec autant de contraintes, tout en maintenant ses ambitions économiques et budgétaires. Le grand argentier a déjà exprimé sa volonté de garder un œil attentif sur les équilibres macro-économiques et financiers comme on surveille le lait sur le feu. Pourtant, un déficit budgétaire ne dépassant pas 3% et une inflation bridée à 2% sont des objectifs difficilement tenables. Surtout lorsque le gouvernement, conduit par un PJD plombé par d’extravagantes promesses électorales, prévoit des milliers d’emplois dans la fonction publique ou d’improbables augmentations salariales. Certes, le fonds de solidarité miroité par le cabinet Benkirane pourrait représenter un début de solution destiné à poursuivre le financement de la caisse de compensation, tout en maintenant le déficit budgétaire dans des proportions raisonnables. Mais là encore, un grand point d’interrogation subsiste sur les sources de financement de ce fameux fonds de solidarité.