Comment sauver les compagnies nationales du transport maritime ?

Le transport maritime national privé Comarit-Comanav a finalement réussi à forcer la main au gouvernement pour un début de solution de sa grave crise financière. Le sort de la compagnie dont les trois car-ferries « Biladi », « Marrakech » et « Bni Nsar » font l’objet depuis le début janvier dernier, d’une saisie conservatoire dans le port français de Set, pour des impayés, a été au centre des discussions lors d’une récente réunion présidée à Rabat, par l’Equipement et des transports, Aziz Rabbah.
Selon le département de tutelle, « le gouvernement, en partenariat avec les acteurs privés, s’attèlera au cours des prochains mois, à la définition d’une nouvelle stratégie et d’un plan d’action clair pour le secteur maritime à travers un contrat programme en vue de restaurer la compétitivité et la pérennité de la flotte nationale ».
Le gouvernement a enfin décidé de tendre la main à la compagnie privée en raison du rôle stratégique qu’elle joue dans le transport des voyageurs et du fret roulant entre le nord du Maroc et les pays européens riverains de la Méditerranée où se concentre la plus forte communauté marocaine établie à l’étranger. Ce geste s’explique aussi par son souci d’assurer un bon déroulement de l’opération de transit 2012 des MRE lors des prochaines vacances d’été et de régler la situation des 200 marins des bateaux saisis qui se trouvent bloqués dans le port de Set. Depuis l’immobilisation des car-ferries de la Comarit-Comanav, leurs hommes d’équipage vivaient dans des conditions précaires. Privés de leurs salaires et de nourriture, les conditions des marins n’ont pas laissé indifférents les habitants et les autorités la ville de Sète. Le ministre français des Transports, Thiérry Mariani est entré en ligne le 9 février dernier, pour interpeller à ce sujet, son homologue marocain, Aziz Rabbah.
Les trois car-ferries auraient déjà bénéficié, si l’on croit l’avocat de la Comarit, Mohamed Oulkhouir, d’une levée des saisies prononcée le 27 février, par le Tribunal de commerce de Montpellier. La mainlevée concernait les dettes de la Comarit vis-à-vis de la compagnie maritime d’affrètement CMA-CGM (Compagnie maritime d’affrètement – Compagnie générale maritime). Le tribunal qui a «jugé les saisies parfaitement injustifiées», a-t-il expliqué, «a ordonné la mainlevée des saisies effectuées sur les bateaux Biladi, Marrakech et Bni Nsar». Des informations qui n’ont pas été confirmées du côté officiel, et la Comarit a également des dettes envers une société espagnole, une bretonne et envers d’autres créanciers qui attendaient que le tribunal tranche définitivement sur le litige qui les oppose à la compagnie maritime marocaine.
La Comarit, une compagnie marocaine spécialisée dans le transport de passagers et de fret roulant, assure des liaisons régulières entre le nord du Maroc et le sud de l’Espagne, la France et l’Italie. A partir de février 2009, la Comarit est devenue actionnaire majoritaire dans le capital de l’es-leader maritime du pays la Comanav après le rachat pour 80 millions d’euros, de la part du groupe français CMA-CGM qui est le 3e armateur mondial de transport maritime en conteneurs.