Pour la troisième fois en trois jours, le vote mercredi en commission du projet de loi-cadre sur l’éducation a été reporté, à cause du blocage des députés PJD au sujet de l’enseignement des matières scientifiques et techniques en langues étrangères, dans un revirement inattendu contre le compris qui s’était dégagé entre les partis.
Le blocage a été déclenché par la vidéo de l’ancien chef du PJD et ex-Chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, appelant les députés islamistes à ne pas voter cette loi-cadre stratégique sur l’enseignement. Benkirane a même appelé son successeur à la tête du gouvernement Saâd Dine El Otmani, à démissionner, dans une surenchère démagogique sur l’identité marocaine aux relents électoralistes prématurés.
Les députés islamistes sont eux-mêmes divisés sur la question de l’application de l’alternance linguistique aux matières scientifiques, alors que le ministre de l’Education, Said Amzazi, défend la réduction de la fracture linguistique entre l’enseignement supérieur et le niveau secondaire.
Dans ce dernier, les matières scientifiques et techniques sont enseignées en arabe, ce qui perturbe les étudiants une fois à l’université, où ces matières sont enseignées en français. Plus tard, dans la vie active, les lauréats connaissant peu la langue de Molière sont confrontés à un marché de l’emploi où pratiquement toutes les entreprises privées exigent la maîtrise de la langue française.
Ces considérations pragmatiques ne semblent toutefois pas figurer dans les priorités des partis politiques, qui préfèrent dévier le débat vers des accusations croisées de « trahison » et de «lobbies» agissant pour tel ou tel clan. C’est dans cette ambiance délétère qu’une autre réunion des chefs des groupes parlementaires est prévue ce jeudi à la Chambre des représentants, avec peu d’espoir de sortir rapidement de cet imbroglio.