Le tabou autour des hauts salaires fait rage dans les coulisses

Fini les anciens tabous, place aujourd’hui à un nouveau sacré celui des primes et salaires faramineux que touchent certains hauts commis de l’Etat. Contrairement à l’article 27 de la Constitution qui stipule que «les citoyennes et les citoyens ont le droit d’accéder à l’information détenue par l’administration publique, les institutions élues et les organismes investis d’une mission de service public », certains ministres du gouvernement Benkirane, opposent un niet indiscutable sur le sujet. Le dernier cas en date, est celui de Driss Azami Idrissi, ministre délégué chargé du Budget qui refuse de dévoiler les salaires et autres indemnités que perçoivent certains hauts fonctionnaires du département des Finances.et de la direction des impôts. Interpellé mercredi par des membres de la Commission des finances et du développement économique qui achevait l’examen du budget sectoriel des Finances, Azami Al Idrissi, n’a pas pu retenir son sang froid devant ce qu’il a qualifié de traque contre les cadres du département des Finances.
Au lieu de répondre avec clarté aux interrogations des députés, Azami s’est contenté de révéler son propre salaire en disant « Je n’ai aucun problème à déclarer mon salaire. Je touche 58.048 DH et aucune prime». Il a néanmoins affiché son incompréhension devant l’insistance des députés de vouloir connaitre également les salaires des hauts cadres de son département. « Qu’on ne vienne pas nous demander de dévoiler les salaires des cadres des Finances, sinon, on devra le faire avec tout le monde », a-t-il rétorqué. Devant cette obstination, les membres de la Commission parlementaire, dont le PJDiste Saïd Benhmida et Milouda Hazib du PAM, ne se sont pas empêchés de faire part à Azami, de leur déception en insistant sur un ton coléreux, de vouloir à tout prix connaitre les salaires des hauts responsables des Finances qui empochent disent-ils, des millions. Où sont les slogans de transparence et de bonne gouvernance qui étaient le leitmotiv de la campagne électorale des candidats du parti Justice et Développement (PJD) et ceux des autres formations de la coalition gouvernementale, se sont-ils interrogés. De « simples slogans populistes », a rétorqué le député islamiste Benhmida avouant avoir été désagréablement surpris par la réaction agressive du ministre délégué.
Malheureusement il ne s’agit pas là d’un cas isolé, le secret qui entoure le salaire et les indemnités de déplacement de l’entraîneur belge des Lions de l’Atlas, Eric Gerets est encore d’actualité. Même l’ancien ministre des finances, le RNIste
Salaheddine Mezouar n’a pas fait l’exception. Selon des informations non confirmées, celui-ci se serait attribué avant de quitter son poste, la coquète somme de 250 millions de centimes comme prime de départ.