Neuf ans après son lancement, l’interminable réforme de la retraite au Maroc traine toujours sa bosse et tarde à voir le bout du tunnel. Après la succession de quatre gouvernements et le rapport sur l’état des lieux des caisses dressé en 2009 par le cabinet d’études Actuaria et ses quatre scénarios remis à la commission technique des retraites, le chantier de la réforme demeure encore ouvert. Même le cinquième scénario proposé en 2011 par Actuaria n’a pas pu débloquer la situation. Le seul changement intervenu en la matière, est l’augmentation de la pension minimale à 1.000 Dirhams par la Caisse marocaine des retraites (CMR) et la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Pourtant, il y va de l’avenir de 4.899.967 Marocains, dont 1.210.715 déjà retraités et 3.689.252 actifs cotisants, comptabilisés en 2010. L’espérance de vie au Maroc, nous révèle une enquête du Haut commissariat au plan, est passée de 62 ans durant les années soixante, à 73,1 ans en 2010. Il s’agit de ce fait, d’un dossier prioritaire et qui revêt un caractère des plus urgents en considération de la fragilité de la trésorerie des différentes caisses de retraite actuellement opérationnelles. En plus de la problématique du vieillissement de la population induit automatiquement un fléchissement graduel du taux de cotisations et des réserves en liquidités des caisses de retraite. L’épargne des caisses de retraite est donc menacée d’être asséchée à court terme et la durée de vie des caisses est désormais comptée. D’après une étude réalisée par la Direction des assurances et de la prévoyance sociale (DAPS), les fonds et réserves de la CMR risquent de s’épuiser avant 2019, alors que la CNSS tomberait dans l’essoufflement en 2037. Seul, le Régime collectif d’allocation de retraite (RCAR) qui comptait en 2010, 101.263 retraités, pourrait tenir le coup jusqu’à 2049.
L’évolution démographique de la population devrait se traduire par une dégradation du rapport actifs/retraités. Il passera de 4,07 actifs pour un retraité en 2007 à 1,37 actifs en 2060, chez la CMR et de 2,7 actifs pour un retraité en 2007 à 0,8 à partir de 2045 chez le RCAR et la Caisse interprofessionnelle marocaine des retraites (CIMR) n’aura que 1,5 actifs pour un retraité en 2060 contre 3 en 2007. La commission technique chargée de la réforme des régimes de retraite prévoit pour la CNSS une amélioration du rapport démographique, qui passera de 8,41 en 2007, à 12,58 en 2020 avant de chuter à 3,9 en 2060. Pour le moment, les solutions proposées par le cabinet d’études Actuaria qui accompagne le gouvernement dans le chantier de la réforme du système des retraites, ne font pas le consensus. L’exécutif et les syndicats se cramponnent chacun à sa propre vision, alors que les caisses improvisent des solutions individuelles (augmentation du taux de cotisation, intégration progressive des caisses internes de retraite, baisse du montant des prestations offertes etc.). Le problème demeure donc entier tel qu’il se posait neuf ans auparavant, alors que l’état financier des différents régimes empire d’année en année.