Le corps de la magistrature étale au grand jour ses revendications. Lors d’un rassemblement inédit dans l’histoire de la profession, près de 2000 magistrats se sont donnés rendez-vous samedi à Rabat, pour exprimer leur propre vision sur la réforme de la justice que le ministère de la justice se propose de mettre en œuvre. Les participants à la 2ème assemblée du conseil national du Club des Magistrats du Maroc sont allés droit au but pour réclamer la levée de la tutelle du ministère de la justice sur les magistrats du parquet général.
Lors de cette rencontre, la première du genre à mobiliser autant de membres du corps de la profession, les magistrats ont signé une pétition appelant à l’indépendance du parquet général et à une réflexion sur de nouveaux mécanismes d’une politique pénale moderne qui soit en phase avec les mutations que connait le secteur de la justice et le phénomène du crime.
« Il est inadmissible de parler d’indépendance du pouvoir judiciaire, alors que le Parquet général demeure sous la tutelle du ministère de la justice », a soutenu le président du Club des Magistrats du Maroc, Yassine Moukhli. Les magistrats insistent en effet, pour que le parquet général soit placé sous l’autorité du procureur général de la cour de cassation et non celle du ministre de la justice, afin disent-ils, que la politique pénale, soit « plus claire et objective. »
Pour les membres du corps de la magistrature, l’indépendance du pouvoir judiciaire, notamment du parquet général, est « une voie incontournable pour instaurer la démocratie ».
S’appuient sur l’article 107 de la nouvelle Constitution qui stipule que le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif, et que le Roi est le garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire, les magistrats se disent prêts à recourir à tous les moyens légaux pour obtenir gain de cause.
Les 2000 magistrats ont même brandi la menace d’une démission collective, et se disent prêts à porter le brassard et à observer une grève et un sit-in de protestation devant la Cour de Cassation en plus d’autres formes de protestation.
Cette rencontre a été organisée par le Club des Magistrats du Maroc sous le thème « Pour la dignité, la solidarité et l’indépendance du pouvoir judiciaire ». La création de cette association professionnelle ambitionne, selon son président, de renforcer le droit légitime des juges à une instance indépendante qui les représente et défend leurs droits.
Le jargon utilisé en la circonstance par les magistrats ne diffère point de celui des militants syndicalistes, que dire alors de l’article 111 de la nouvelle Constitution qui interdit clairement aux juges d’adhérer à des partis politiques ou à des organisations syndicales ? Une question qui mérite réponse.