Le Conseil consultatif de la famille: un débat mort-né ?

Le Conseil consultatif de la famille et de l’enfance, ne manque de faire parler de lui. Et pour cause, en l’attente de la mise en place d’un cadre juridique permettant son fonctionnement, cadre qui au passage cumule un sérieux retard, des questions relatives à son utilité réelle et à son impact sur le quotidien des familles commencent à émerger.
Ce retard, perçu par certains comme une opportunité d’ouverture du débat, a été l’occasion pour bon nombre de spécialistes de revenir sur des questions de fond (en particulier sur la notion de famille) préalables à la mise en place de cette institution. Notons au passage que, le conseil consultatif de la famille et de l’enfance n’est pas le seul à accuser un retard. Ceci est valable pour tous conseils et instances institués par la nouvelle constitution et dont la mise en place requiert l’élaboration d’une loi organique.
Ainsi, et avant de songer à la mise en place de ce cadre juridique, il faut d’abord se pencher sur le concept même de famille, lequel, s’il faut le rappeler, a traversé d’importantes mutations durant ces dernières décennies. Dans ce registre, l’une des questions à se poser est celle de l’intégration ou pas au sein de cette nouvelle institution de formes d’union autres que le mariage « légal »,  à l’instar du concubinage qui, bien qu’on ne veuille pas encore l’admettre, a tendance à devenir une composante non négligeable de notre réalité marocaine : l’accès croissant des femmes aux études supérieures et donc à l’emploi les a rendu indépendantes, chose qui , ajoutée à d’autres facteurs, a contribué au recul de l’âge du mariage. Mais avec un gouvernement aux aspirations religieuses, il semblerait que la question ait de grandes chances de se voir résolue avant même d’avoir été posée. Autres phénomènes également constitutif de la réalité marocaine, et qu’y mériteraient qu’on s’y attarde, les familles monoparentales qui sont en courbe ascendante, ou encore les mères célibataires, mineures pour la plupart et issues de milieux défavorisées.
Ce débat, pourtant constructif, semble déjà porter en lui les germes de son échec. Le texte fondateur du conseil consultatif réduit la notion de famille à celle reposant uniquement sur le lien légal du mariage. Pour palier cette vision réductrice, le texte assure une égale protection à tous les enfants et ce, indépendamment de leur situation familiale. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir les associations qui, fortement imprégnées de la réalité du terrain, s’inquiètent d’une acceptation restrictive dudit article. Malgré tout, le conseil reste une instante consultative qui émet des avis ; lesquels  devront impérativement être accompagnés de politiques publiques à même de leur donner corps. Sans quoi, cette instance, tant attendue, serait vide de sens et n’aurait aucune raison d’être. De l’enseignement à la santé, en passant par la protection de l’enfance et des droits des handicapés, la marge de manœuvre est large, pour peu qu’il y ait la volonté de véritablement faire avancer les choses !