Le terrible accident de Tichka d’hier est venu rappeler une évidence : les routes au Maroc sont dangereuses, voire parmi les plus meurtrières au monde. Près d’une cinquantaine de tués en une journée, dont 42 pour le seul accident de Tichka. Faut-il y voir une fatalité ? ou plutôt la manifestation d’irresponsabilités humaines que les pouvoirs publics ne sauraient davantage tolérer au risque d’être taxés de laxisme.
On a beau chercher les causes dans l’état technique des véhicules, ou la troublante déficience des contrôles sur les routes ou encore la faiblesse des infrastructures routières. On ne devrait pourtant pas faire l’économie d’un diagnostic simple, à savoir que l’écrasante majorité des accidents est le fait d’erreurs humaines. Quelque 80% des sinistres routiers ont pour origine la vitesse, l’inadvertance, l’alcool ou tout simplement l’irresponsabilité. Qui parmi nous n’est pas régulièrement terrifié par le spectacle effrayant d’autocars bondés, de poids lourds surchargés, de grands taxis en surnombre et de véhicules légers rouler à tombeau ouvert sur les routes marocaines. Pire, nombre de conducteurs ignorent souvent, le plus allègrement du monde, les dépassements interdits et les autres signalisations routières. Une récente étude a montré que près de 94% des conducteurs de véhicules ne respectent pas le Stop. Sur la route, il ne s’agit plus des incivilités qu’on observe quotidiennement, la mort dans l’âme, dans les villes, les campagnes et les plages. Les routes sont souvent le lieu d’une véritable dérive, où la légèreté le dispute à l’irresponsabilité de nombreux usagers. Au final, on se retrouve pris dans un fléau national qui fait annuellement plus de 4000 morts, sans compter les milliers de blessés graves, les handicapés à vie, les dépenses en soins, les dégâts matériels, etc.
Il est désormais indispensable pour la société dans son ensemble, de considérer l’insécurité routière avec un regard nouveau. De prendre les décisions nécessaires, quitte à affronter les chantages corporatistes et à briser les pressions de quelques groupes. Les pouvoirs publics ont un rôle de catalyseur dans cette démarche. Le gouvernement islamiste aura-t-il le courage de saisir le taureau par les cornes et d’infléchir cette dramatique tendance ?