Les enseignants évaluent le service du Ministère de l’Education «Insat»

Lancé le 17 septembre dernier afin de recevoir les réclamations et doléances sur le bon déroulement de l’actuelle rentrée scolaire, le service électronique « Insat » a amené certains enseignants à s’interroger sur son utilité.
Certains parents d’élèves et enseignants désapprouvent plutôt le déroulement de la rentrée scolaire 2012-2013. Le service électronique « Insat » est au cœur du débat. Certains questionnent son utilité, malgré le fait qu’une semaine après son lancement, 716 plaintes ont déjà été enregistrées dans 473 écoles, soit 1,94 de l’ensemble des établissements scolaires du Royaume, selon le ministère de l’Education Nationale. Celui-ci précise aussi que la cellule centrale du Ministère de tutelle, chargée du suivi des demandes des citoyens, a traité 360 plaintes, soit 50 % du total, alors que 278 autres sont en cours de traitement par les services régionaux et provinciaux du Ministère.
Par ailleurs, le Ministère a relevé des actes qualifiés d’irresponsables, des plaintes mensongères déposées par certaines personnes malintentionnées  (78 plaintes). Il se félicite par la même occasion, en revanche, de «l’esprit patriotique et du sens des responsabilités » constaté chez les tuteurs et les parents d’élèves qui ont répondu spontanément à l’appel de ce département afin de contribuer au suivi et au bon déroulement de la rentrée scolaire. Cette onde d’optimisme s’amplifie au vu du nombre considérable de parents d’élèves qui a positivement interagi avec ce nouveau service aussi bien par internet que via le numéro de téléphone vert dédié à cet effet, souligne la même source, précisant que les mécontents relèvent habituellement le retard pris dans l’accueil en internats des élèves, le non-fonctionnement de quelques cantines scolaires, l’absence de transport scolaire et l’accès difficile des élèves aux écoles, particulièrement dans les régions éloignées. En revanche, certains enseignants voient les choses autrement. «Un service fait pour recevoir les réclamations des citoyens est un bon procédé mais je crains qu’il soit juste une coquille vide», souligne Mohamed un enseignant de  la région de Youssoufia. Et de poursuivre : « Le secteur n’a pas besoin d’une boite noire. Le Ministère de tutelle n’a qu’à demander au corps enseignant directement s’il veut connaître la panoplie des problèmes qui entravent la scolarité et étouffent la réforme». Même topo chez Sanae qui enseigne dans une école en périphérie de Casablanca : « Nous ne pouvons que féliciter cette démarche de mettre à la disposition des citoyens un numéro vert en vue de mettre en place leurs doléances par rapport au bon fonctionnement de la rentrée scolaire et à toute  l’opération du soutien social. Cependant, je trouve cette initiative banale et je ne lui accorde aucun intérêt du moment que j’ai la ferme conviction que le problème est dans le cœur du système éducatif lui-même. Il est lié à la bureaucratie, à l’absence du dialogue entre tous les acteurs et à certains responsables hiérarchiques ainsi qu’au manque de conscience professionnelle de ceux qui travaillent sur le terrain». Elle ajoute par ailleurs qu’elle soutient toute initiative sérieuse et rigoureuse susceptible de donner un vrai élan réformateur à notre système éducatif et de contribuer de la sorte à sa stabilité et à réussir la réforme. Pour sa part, Hassan, qui enseigne dans une école dans une région rurale d’Ouarzazate, évoque le grand fossé qui subsiste entre les établissements urbains et ruraux.
« Outre l’éloignement des écoles des habitants, il n’y a souvent pas d’eau ni d’électricité. Lorsqu’il y a des intempéries, les élèves ne viennent pas et l’eau de pluie passe à travers les toits mal isolés. Et souvent, nous trouvons deux à six niveaux du cycle primaire dans une seule et même classe, avec un enseignement enclin de s’adapter à toutes ses situations ».