Les piques verbales que ne cessent de s’échanger le PJD et l’Istiqlal renseignent sur la cohésion chancelante qui prévaut dans les rangs de la majorité. Entre un Benkirane indigné par l’attitude de ses alliés dans la majorité, qu’il qualifie ironiquement de « majorité moins un quart » et un Istiqlal offusqué d’être rejeté au second plan par un « super parti », la hache de guerre semble bel et bien déterrée.
Un bras de fer feutré mais sans concession, dans lequel les deux partenaires semblent exceller. Particulièrement Hamid Chabat, le bouillonnant chef de l’Istiqlal. Comme pour narguer l’allié Benkirane, Chabat multiplie les rencontres avec les dirigeants des principaux partis de l’opposition. Après ses déclarations controversées annonçant ses préférences pour Driss Lachgar à la tête de l’USFP, l’imprévisible maire de Fès a enchaîné par un ostentatoire vis-à-vis avec Salaheddine Mezouar, l’autre ténor de l’opposition et chef du RNI. Et pour bien enfoncer le clou, Hamid Chabat est allé rendre visite, au siège de la CGEM à Casablanca, à Meryem Bensaleh Chaqroun. Même si Chabat a essayé de donner à cette dernière visite l’aspect d’une rencontre entre un dirigeant syndicaliste, l’UGTM en l’occurrence, et la patronne des patrons, le geste est loin d’être innocent. Surtout quand on sait la brouille qui s’est installée entre le chef du gouvernement islamiste et le patronat sur le projet de budget 2013. Reste à savoir jusqu’à quel point cette pression réussira à épuiser la résistance de Benkirane contre le remaniement ministériel tant recherché par Chabat.