L’affaire Bettencourt semble lui apporter un coup de grâce plutôt qu’un coup fatal.
La mise en examen de Nicolas Sarkozy pour abus de faiblesse dans l’affaire Bettencourt ne semble pas mettre un coup d’arrêt brutal aux chances de retour de celui qui reste de loin l’homme politique préféré des électeurs de droite.
L’UMP intègre d’ailleurs l’hypothèse d’un retour de l’ex-président dans ses discussions internes. La commission des statuts du parti a en effet engagé une réflexion sur l’idée de permettre aux anciens présidents de la République de pouvoir être candidats à une élection sans passer par des primaires, a confirmé dimanche, Nadine Morano, une autre fidèle de Nicolas Sarkozy. Une initiative qui, dans la perspective de 2017, ne peut concerner que ce dernier.
Près de deux Français sur trois (63%) estiment que la mise en examen de l’ancien président ne l’empêchera probablement pas, voire certainement pas, de revenir en politique, selon un sondage BVA (société de sondage d’opinions) réalisé par internet vendredi auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 1.088 personnes et sélectionné selon la méthode des quotas, soit après la mise en examen jeudi dernier de l’ancien président pour abus de faiblesse à l’encontre de Liliane Bettencourt, l’héritière de L’Oréal. A la question : « selon vous, cette mise en examen empêchera-t-elle Nicolas Sarkozy de revenir en politique? », 47% des personnes interrogées répondent non, probablement pas, 16% non, certainement pas. 36% sont d’un avis contraire (25% oui, probablement, 11% oui, certainement). En outre, 31% des Français, mais surtout 63% des sympathisants UMP, souhaitent qu’il soit le candidat de l’UMP en 2017, loin devant François Fillon (27% des Français, 18% des UMP), Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire et Jean-François Copé (5% des Français, 2% des UMP).
Gaël Sliman, de l’institut BVA, explique ces résultats notamment par le cynisme des Français, qui considèrent de toute façon que leurs hommes politiques sont corrompus. Du coup, on peut très bien rester populaire après une affaire.
Ensuite, poursuit le sondeur, les gens savaient depuis longtemps que Sarkozy était soupçonné dans l’affaire Bettencourt : cette mise en examen ne les a donc pas si surpris.
Les dirigeants de l’UMP, s’ils ne ménagent pas leur soutien à Nicolas Sarkozy dans le bras de fer qui l’oppose au juge d’instruction Jean-Michel Gentil qui l’a mis en examen, se montrent en revanche plus prudents sur un éventuel retour de l’ancien chef de l’Etat, qui serait un coup dur pour leurs propres ambitions.
Ainsi, Jean-François Copé, président du parti, ne veut pas préjuger des décisions futures. « La seule chose que je puisse dire, c’est que je l’ai trouvé extrêmement pugnace et combatif », a-t-il déclaré. Nathalie Kosciusko-Morizet a mis en garde « sur toutes les causeries qu’on peut avoir sur ce sujet qui sont souvent un peu décalées et un peu hors de propos ». Mais, a-t-elle reconnu, « Nicolas Sarkozy a plutôt un tempérament à se sentir encouragé que découragé par l’adversité, en n’excluant que le ‘ce n’est pas terminé’, lancé au juge d’instruction par l’ancien président, pouvait avoir une traduction politique ».
Nettement plus catégorique, le très sarkozyste Christian Estrosi a, pour sa part, estimé son champion à plus que jamais un avenir politique. « Ce sont les électeurs de notre pays qui le disent. Et (…) tout cela est très rassurant pour une grande démocratie comme la nôtre », a-t-il ajouté.
Nicolas Sarkozy a qualifié d’injuste et infondée sa mise en examen pour abus de faiblesse à l’encontre de l’héritière de L’Oréal, dans un message posté sur sa page Facebook : « Tous, à ceux qui m’ont soutenu comme à ceux qui m’ont combattu, je veux affirmer qu’à aucun moment dans ma vie publique, je n’ai trahi les devoirs de ma charge », assure-t-il. « Je vais consacrer toute mon énergie à démontrer ma probité et mon honnêteté. La vérité finira par triompher. Je n’en doute pas ».