Les chamailleries Chabat-Benkirane sont en train de tourner au vinaigre. Les sorties déchaînées du patron de l’Istiqlal qui avaient l’air de surenchères destinées à soutirer un remaniement ministériel, ont viré à la confrontation directe entre les composantes de la majorité.
En répliquant sèchement devant l’état-major du PJD qu’il n’y aurait aucun remaniement, Abdelilah Benkirane se départit ainsi de la retenue qu’il observait jusque-là face aux piques embarrassantes du maire de Fès. Il semble que les charges de Chabat contre le gouvernement, à l’occasion du défilé du 1er mai, aient décidé le chef de l’exécutif à solder ses comptes avec cet encombrant allié. Le plus grave, c’est que l’animosité entre Chabat et le PJD a également touché le PPS, l’autre formation de la coalition quadripartite. Le ministre Nabil Benabdellah n’y est pas allé de main morte en réagissant aux propos de Chabat qui a accusé un ministre PPS d’être venu ivre au Parlement. L’exécutif s’est senti obligé de réagir en exprimant « sa vive indignation », contre ces propos « diffamatoires » venant paradoxalement du chef d’un parti membre du gouvernement. Aujourd’hui, l’allié Chabat, qui joue le rôle de l’opposition mieux que l’opposition elle-même, n’est plus supporté ni par Abdelilah Benkirane et ses compagnons du PJD, ni par le PPS.
L’impasse est palpable et la confusion place le gouvernement dans une situation cacophonique sans précédent. Ceci, au moment où les véritables problèmes économiques et sociaux du pays restent dangereusement en attente.