Les événements se précipitent sur le front de la crise gouvernementale. L’Istiqlal a réitéré sa détermination à quitter le cabinet Benkirane alors que le parti islamiste se dit prêt à toute éventualité, faisant ainsi pencher la balance vers le scénario d’un divorce entre les deux principales composantes de la majorité.
Le plus étonnant dans les péripéties de la coalition, c’est le retour obstiné du chef du gouvernement aux menaces d’un 20 février bis. Ainsi, au lieu d’éclairer l’opinion publique sur le choix qu’il compte faire au moment où l’Istiqlal se dit déterminé à se retirer du gouvernement, Abdelilah Benkirane se réfugie dans le sport qu’il affectionne le plus. Les menaces, tout en pointant la responsabilité de mystérieuses forces hostiles qui chercheraient à faire avorter sen expérience gouvernementale. C’est exactement le même discours qui est servi par le chef du gouvernement depuis plus d’un an et demi qu’il est aux affaires. Que ce soit face aux réformes indispensables des caisses de compensation et de retraite, ou de ses relations avec les syndicats et le patronat, ou encore des rapports difficiles avec le Parlement, le chef du gouvernement islamiste recourt au même procédé. Le diagnostique est là, mais le moindre remède. C’est ce déficit en termes de gestion politique des divergences intergouvernementales qui est à chaque fois contourné par les discours enflammés du temps de l’opposition. Face à la crise sans précédent qui l’oppose à Hamid Chabat, son allié dans la majorité, le chef du gouvernement sans avoir épuisé les diverses voies de recours, menace de se tourner vers des élections anticipées.
Mais outre le fait qu’il est peu probable qu’un nouveau scrutin puisse changer significativement la configuration politique actuelle, les citoyens sont suffisamment lassés par les joutes politiciennes des derniers mois pour qu’il aient le cœur à se rendre encore aux urnes de sitôt.