La proximité des liens entre le Sénégal et le Maroc n’est pas chose récente ou théorique. La visite de six jours du président Macky Sall au Maroc et le climat chaleureux qui l’accompagne, d’un côté comme de l’autre, en sont la parfaite illustration.
Si elles ont pris un nouvel élan après les indépendances des deux pays, les relations maroco-sénégalaises plongent en revanche leurs racines dans une histoire multiséculaire. Le commerce caravanier transsaharien et l’adoption par les marocains et les sénégalais de valeurs cultuelles se réclamant d’un Islam ouvert et tolérant, en ont constitué la trame. L’appartenance commune à des voies spirituelles de l’Islam comme le tijanisme, dont le Sénégal est l’un des principaux foyers en Afrique de l’Ouest, a grandement renforcé cette entente au cours des siècles. C’est peut-être cette amitié sincère et durable qui a fait dire au président Sall que « ce qui nous unit transcende les contingences temporelles ». De fait, les relations entre Dakar et Rabat n’ont jamais été altérées par les alternances politiques au Sénégal, qui représentent par ailleurs un rare exemple de démocratie dans un Continent miné par l’instabilité et les violences politiques.
Sans trop s’arrêter sur les liens de coopération économique, ni sur les relations humaines de plus en plus denses et les échanges commerciaux qui signent un bel exemple de la coopération Sud-Sud, il est peut être utile de rappeler un aspect des relations bilatérales qui tient plus de la politique et de la diplomatie. Depuis l’éclatement de l’affaire du Sahara, le Sénégal s’est tenu imperturbablement aux côtés du Maroc. Dès le retrait espagnol en 1975, Dakar a refusé de se laisser entraîner par l’Algérie dans l’aventure de la fumeuse république sahraouie du désert. D’autres pays africains l’ont fait avant de se rétracter plus tard, lorsqu’ils se sont aperçus de la supercherie. Mais le Sénégal, lui, a courageusement et dès le départ refusé de cautionner une république esquissée dans les carnets de Boumediene et de Kadhafi, à coup de pétrodollars copieusement distribués à gauche et à droite en Afrique.
Et si le Sénégal a tenu tête aux pressions des dirigeants algériens et libyens pendant si longtemps, c’est qu’il était et est toujours convaincu du bon droit du Maroc. Car les échanges humains, commerciaux, culturels et cultuels du Maroc ne se limitaient pas au Sahara, mais s’étendaient plus au Sud, jusqu’à Dakar et bien au-delà. Et cela, les sénégalais le savent très bien.