Les menaces proférées par Benkirane dimanche de ne pas écarter l’éventualité d’aller vers des élections anticipées, renseigne sur la difficulté des négociations avec Salaheddine Mezouar pour la formation d’un nouveau gouvernement, adossé à une nouvelle majorité.
Les avertissements du chef du gouvernement ont d’autant plus de sens qu’ils interviennent au lendemain d’un quatrième round de pourparlers avec Mezouar. Des tractations qui n’ont visiblement pas été de tout repos pour Benkirane qui l’a amèrement exprimé dimanche. Sa sortie acerbe est à placer aussi dans le contexte des autres menaces lancées régulièrement depuis des semaines par les faucons du parti islamiste. Mais c’est de bonne guerre si l’on considère que dans toute négociation, chaque partie exerce le maximum de pression, voire le chantage, afin de grignoter des points à l’adversaire. Sauf que l’attitude du PJD dans les tractations avec le RNI montre que la logique d’hégémonie qui a conduit l’Istiqlal à claquer la porte du gouvernement, est toujours en vigueur dans le parti de Benkirane.
Cela expliquerait a posteriori la prudence de Mezouar qui négocie ferme et tient à s’entourer du maximum de garanties avant de tendre la main à Benkirane. Les conditions posées par le patron du RNI pour la restructuration du gouvernement, le remodelage du programme gouvernemental et la définition d’un calendrier précis pour mettre en œuvre les réformes indispensables, illustrent la détermination de Mezouar.
Les conditions du RNI sont également la preuve que Mezouar ne tient pas à jouer les remplaçants. Le chef du RNI est parfaitement conscient du poids de son parti et veille à se poser en tant que partenaire de Benkirane dans le futur gouvernement afin de mener les réformes qui s’imposent. Et surtout de ne pas laisser la main libre à Benkirane de se comporter comme il l’entend dans un gouvernement de coalition regroupant trois autres partis.