La levée de boucliers qui a suivi la présentation du PLF 2014 n’est pas près de se calmer dans le camp de l’opposition. Celle-ci promet que les débats au Parlement, qui reprennent ce lundi, seront houleux. En face, le gouvernement Benkirane laisse apparaître des signes de souplesse, prélude à d’inévitables concessions.
Le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaïd, a beau argumenter que le Projet de Loi de Finances est dicté par la difficile conjoncture économique, l’opposition est catégorique : le texte gouvernemental manque d’âme. De toute façon, le PLF 2014 ne peut pas satisfaire aux exigences qu’imposent la réduction du lourd déficit public et l’accélération des réformes. A leur tête la réforme du système de compensation et des caisses de retraite. Les fortes réserves de l’opposition ne peuvent pas être assimilées à de la simple rhétorique politique. Le Patronat, regroupé dans la Confédération présidée par Meryem Bensaleh a opposé au PLF des critiques plus sévères encore. Pour la CGEM, le budget 2014 ne contribuera certainement pas à la relance économique, ni à la compétitivité des entreprises. Les prévisions d’un taux de croissance de 4,2% sont tout aussi fortement mises en doute.
Le même constat a été établi par plusieurs observateurs, y compris dans le camp de la majorité. L’économiste Mohamed Grine, membre du PPS, estime ainsi que le PLF « pèche par facilité », critiquant une augmentation déplacée de la TVA. Du côté des syndicats, la déception est tout aussi manifeste. Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’Union Marocaine du Travail (UMT, l’une des centrales syndicales les plus représentatives), est catégorique : « il s’agit d’un projet de loi impopulaire et antisocial ».
Devant un tir de barrage aussi dissuasif, Idriss Al Idrissi Al Azami, le ministre du Budget a concédé la volonté de l’exécutif de parvenir à des arrangements. Des concessions qui risquent d’être lourdes pour le gouvernement au moment où les débats en commissions parlementaires reprennent ce lundi, avant de passer à l’adoption par les deux Chambres à partir du 20 novembre.