Le ballet diplomatico-militaire américain au Maroc commençait à intriguer, mais les supputations ont été vite dissipées par les informations faisant état de préparatifs pour relever les manœuvres militaires maroco-américaines, « African Lion » 2015, à un niveau sans précédent.
Il semble que le format même des traditionnels exercices « African Lion » ait été revu au niveau opérationnel pour la version 2015, sur fond d’exacerbation de la menace jihadiste. Les visites successives du général David Rodriguez, le patron de l’Africom, puis du président de la Commission des forces armées au Congres américain, Howard Buck McKeon, annoncent la couleur. Le parlementaire américain en visite au Maroc à la tête d’une délégation de Congressmen, a été reçu le 3 septembre à Rabat par l’Inspecteur Général des FAR et Commandant la Zone Sud, Bouchaib Arroub.
En tout cas, l’intense activité des responsables militaires américains traduit l’intérêt particulier que porte Washington à ces manœuvres, qui interviennent dans un contexte régional où les groupes terroristes menacent de déstabiliser toute la région englobant le Moyen orient, l’Afrique du Nord et la zone sahélo-saharienne. Le danger représenté par ce qui a été baptisé l’Etat islamique a, en effet, alarmé les capitales occidentales, Washington en tête. Pourtant, la décision d’élargir l’envergure de ces manœuvres conjointes semble avoir été prise bien plus tôt.
Début août, Washington qui avait inscrit en 2004 le Maroc dans la liste des « alliés majeurs non-Otan » des Etats-Unis, annonçait que les deux pays avaient conclu un accord à l’issue du sommet Etats-Unis-Afrique. Washington et Rabat avaient convenu de consolider leur coopération dans la « gestion des crises, la sécurité des frontières (et les) enquêtes sur le terrorisme ». Ils se sont également mis d’accord pour « former des experts marocains, former des forces de sécurité civiles et antiterroristes dans des pays partenaires du Maghreb et du Sahel et évaluer l’efficacité de ces formations ».
Les manœuvres African Lion 2015 auxquelles devraient participer une quinzaine de pays d’Europe et d’Afrique près d’Agadir, s’inscrivent visiblement dans le prolongement de cette alliance stratégique.