Cnews- Ferhat Mehenni: L’étrange « démenti » de l’ambassade de France au Maroc

Mais quelle mouche a donc piqué l’ambassade de France au Maroc pour publier un « démenti » sur l’annulation de l’interview du président du gouvernement provisoire Kabyle en exil, Ferhat Mehenni, sur la chaîne française Cnews, alors que cette affaire ne concerne pas spécifiquement le Maroc, mais plutôt le régime algérien qui a fait pression sur l’Elysée pour censurer le chef indépendantiste.

Rocambolesque, l’annulation documentée par vidéo, et à la dernière minute, de cette interview du dirigeant du Mouvement autonomiste Kabyle (MAK) dimanche soir à l’émission « Face à Rioufol » sur Cnews, avait fait le tour du monde et provoqué indignation et sarcasmes.

Les médias et les réseaux sociaux ne parlaient que du coup de téléphone de l’Élysée, qui aurait cédé aux pressions d’Alger pour censurer le dirigeant indépendantiste. Paris n’aurait pas résisté au chantage du président algérien Tebboune et de son acolyte, le général Chengriga.

Ce dernier aurait même menacé d’annuler la visite en Algérie de la première ministre française Élisabeth Borne, programmée les 9 et 10 octobre. Inutile d’ajouter que les autorités françaises fondent de grands espoirs sur cette visite pour de futures livraisons de gaz algérien à la France.

Après l’annonce de l’annulation de l’interview, le journaliste Ivan Rioufol s’est interrogé, dans un échange avec Ferhat Mehenni dans les couloirs de Cnews, s’il s’agit bien de «pressions exercées par l’Algérie sur l’Elysée» comme l’évoque le dirigeant Kabyle.

En tout cas, l’ambassade de France à Rabat se trompe lourdement d’adresse avec son « démenti » déplacé, alors que le public marocain n’est pas particulièrement concerné par cet étonnant incident qui ébrèche la liberté d’expression en France même.
Et, surtout, sur une chaîne de télévision française qui s’apprêtait naïvement à donner la parole au dirigeant du mouvement qui défend l’autonomie de la Kabylie, alors que qu’il s’agit de l’un des fiefs du mouvement de protestation du Hirak, qui conteste la légitimité du régime des généraux au pouvoir en Algérie.