En matière de décompensation, le gouvernement tente de véhiculer l’idée que la fin du soutien aux prix du gaz butane et du sucre n’est plus qu’une question de temps.
Les fuites qui commencent à pointer indiquent que l’exécutif envisage de s’attaquer à ces deux produits de large consommation et hautement sensibles socialement. Le gouvernement voudrait bien mettre fin à ces subventions après avoir réussi à faire passer la levée de l’aide aux hydrocarbures. Mais, il est exclu que la décision intervienne en 2015, année de tous les risques électoraux. Benkirane est assez conscient des incidences politiques d’une telle décision sur l’audience électorale de son parti.
Pour autant, la levée des subventions n’est plus un tabou depuis que la décompensation des produits pétroliers n’a pas eu l’effet déstabilisant pronostiqué par certains. Mieux encore, la fin de la compensation de l’essence, le gasoil et le fuel industriel a représenté en 2014, une véritable bouffée d’oxygène pour les finances publiques.
Surfant sur ce premier succès, l’exécutif cherche à reproduire le même scénario pour des produits autrement plus sensibles socialement. Ce n’est pas la première fois que des ministres l’insinuent. Le chef du gouvernement a déjà évoqué la question, en avançant le chiffre de 14 milliards DH qui vont annuellement à la subvention du gaz butane.
En effet, les grandes exploitations agricoles, les industries, le gros commerce… tirent profit du recours au gaz butane subventionné pour leurs activités professionnelles. Mais le même gaz butane est aussi utilisé par de larges couches de la population, que ce soit dans les villes ou les campagnes. La popularité des bonbonnes de gaz est liée à leur prix, relativement accessible. Celui de la bouteille de 12 kg est aujourd’hui de 40 DH.
La question est de savoir si la même démarche appliquée à la décompensation des hydrocarbures est aussi valable pour la levée des subventions du gaz butane, du sucre ou de la farine. Beaucoup craignent qu’une augmentation brutale ou sans accompagnement approprié, soit difficilement vécue par les catégories sociales les plus vulnérables.