Faute d’augmentation salariale, le gouvernement a trouvé la parade dans l’indemnité pour perte d’emploi. A quelques jours de la fête du 1er mai, Abdeslam Seddiki espère ainsi consoler des travailleurs et syndicats assez remontés contre le cabinet Benkirane.
Bien que l’indemnité pour perte d’emploi (IPE) soit quand même une bonne nouvelle pour les travailleurs, le projet était dans les cartons depuis des mois déjà. Première assurance chômage mise en place dans le pays, l’IPE garantit un minimum de 70% du salaire des travailleurs du privé qui perdent involontairement leur emploi. L’IPE est toutefois valable uniquement pendant une durée de 6 mois et ne dépasse pas le SMIG, soit environ 2400 DH dans le secteur privé.
Pour démarrer l’opération, l’Etat apporte 250 millions de dirhams à la caisse de l’IPE, qui est également financée par des cotisations des employeurs et des salariés, avec respectivement 0,38% et 0,19% du salaire. Plus de 3500 personnes qui ont perdu leur emploi devraient en bénéficier dans une première étape. Il s’agit principalement de travailleurs dans les secteurs du BTP et du textile.
Des mécanismes d’aide à la réinsertion sur le marché de l’emploi sont aussi prévus par cette opération. L’ANAPEC et l’OFPPT seront mobilisés dans l’accompagnement des personnes bénéficiant de l’IPE pour des formations alternatives et la recherche d’autres emplois.
Pourtant, si le chef du gouvernement a décidé de sortir un lapin de son chapeau à la dernière minute, le moment choisi n’est pas anodin. A la veille de la fête des travailleurs, Abdelilah Benkirane pense certainement qu’avec l’IPE, le tour est joué.
Mais c’est probablement compter sans la persévérance des syndicats. Les centrales exigent non seulement une revalorisation des salaires de 20 %, mais aussi une révision à la baisse de l’Impôt sur le Revenu qui atteint jusqu’à 40 % du salaire ainsi que toute une série de revendications défendues dans le cadre du dialogue social.