L’ONU préoccupée par « l’aggravation de la répression » sur fond de nouvelles arrestations

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH), Volker Türk, a exprimé, mardi, sa préoccupation face à « l’aggravation de la répression contre ceux qui sont perçus comme des opposants politiques et de la société civile en Tunisie ».

Le Procureur Général a de plus en plus engagé des poursuites pénales contre des opposants présumés, les accusant de « complot contre la sécurité de l’Etat, d’offense au Chef de l’Etat ou de violation du décret-loi de lutte contre la cybercriminalité », déplore Volker Türk cité dans un communiqué publié par le bureau du HCDH à Tunis.

Il rappelle que depuis samedi, au moins neuf personnes, dont d’anciens fonctionnaires, ont été arrêtées et certaines détenues, pour des accusations liées à la sécurité ou de corruption.

« Nous sommes en outre préoccupés par le fait que certaines des personnes détenues pour avoir critiqué le Gouvernement ont été jugées par des tribunaux militaires », ajoute le communiqué.

Dans ce sens, le haut commissariat des nations unies aux droits de l’Homme a appelé les autorités à cesser immédiatement les pratiques consistant à juger des civils devant des tribunaux militaires.

« Nous appelons les autorités tunisiennes à respecter les normes d’une procédure régulière et d’un procès équitable dans toutes les procédures judiciaires et à libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement, y compris toute personne détenue en relation avec l’exercice de ses droits à la liberté d’opinion ou d’expression », précise le communiqué.

Il rappelle que depuis juillet 2021, les autorités ont également pris une série de mesures qui ont « porté atteinte à l’indépendance de la justice, notamment la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et la révocation sans préavis de 57 juges ».

Le haut commissaire a appelé les autorités tunisiennes « à s’employer à mettre la législation, les procédures et les pratiques du secteur de la justice en conformité avec les normes et standards internationaux applicables, et à travers la séparation des pouvoirs, à maintenir l’indépendance du pouvoir judiciaire et l’Etat de droit ».

Plusieurs autres personnalités avaient été arrêtées samedi, notamment le très influent homme d’affaires Kamel Eltaïef, l’activiste politique Khayam Turki, ainsi que deux anciens magistrats.