Le groupe d’infrastructures espagnol Ferrovial a proposé de fusionner la société mère basée à Madrid « avec sa filiale Ferrovial International SE », société anonyme de droit néerlandais, une décision qui induit le transfert du siège social aux Pays-Bas et qui a vivement été condamnée hier mercredi par le gouvernement espagnol.
Le ministère espagnol de l’Economie estime qu’ « il est inacceptable qu’une entreprise qui est née et s’est développée en Espagne, et cela grâce à l’investissement public des citoyens espagnols, fasse preuve d’un tel manque d’engagement » envers le pays, et dit attendre des détails afin de mesurer les implications possibles « de cette décision erronée ».
Fondée en 1952 à Madrid, Ferrovial est propriétaire de l’aéroport de Londres-Heathrow, à Londres, mais aussi de nombreuses autoroutes, aux Etats-Unis et au Canada. Elle est la 13ème plus grande entreprise d’Espagne en termes de capitalisation boursière.
Mardi dernier, lors de la publication de ses résultats, Ferrovial avait fait part de son intention de transférer son siège social aux Pays-Bas, mais assure qu’il continuera de cotiser en Espagne, qu’il cotisera également « aux Pays-Bas » et « demandera à cotiser aux Etats-Unis ». L’entreprise assure que le transfert du siège social ne se traduira pas par des licenciements en Espagne, où les investissements prévus sont maintenus.
Ferrovial avait justifié cette réorganisation, qui intervient au cours d’une année électorale, par « l’internationalisation croissante » de son activité. Soulignant que, en 2022, 82% des revenus du groupe ont été tirés de « ses activités internationales ».
Le géant espagnol avait engrangé l’an dernier 186 millions d’euros de bénéfice net. Le chiffre d’affaires du groupe d’infrastructures a dépassé les prévisions du marché, à 7.55 milliards d’euros, une dynamique que le groupe attribue aux bons résultats engrangés par ses autoroutes, notamment aux Etats-Unis.
Ferrovial dit avoir également profité de la « solide reprise » du trafic aérien grâce à la levée des restrictions sanitaires au Royaume-Uni, qui a dopé l’activité de l’aéroport de Londres-Heathrow avec près de 61.6 millions de passagers qui ont ainsi transité l’an dernier par l’aéroport londonien.
Mais toutes ces explications ne convainquent pas ceux qui dénoncent un choix de nature fiscale, les Pays-Bas étant connu pour proposer une fiscalité avantageuse aux entreprises qui s’y établissent. Ces dernières années, plusieurs grands groupes comme Airbus et Stellantis ont fait le choix de s’y installer.