Le Burkina Faso suspend sine die la diffusion des programmes de France 24

Le gouvernement de la Transition au Burkina Faso a suspendu sine die, lundi, les programmes de la chaîne d’informations française France 24, après la diffusion d’un entretien avec le dirigeant du groupe terroriste Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), l’algérien Abou Obeida Youssef al-Annabi.

« En ouvrant ses antennes au premier responsable d’AQMI, France 24 ne fait pas seulement office d’agence de communication pour ces terroristes, pire il offre un espace de légitimation des actions terroristes et des discours de haine véhiculés pour assouvir les visées maléfiques de cette organisation sur le Burkina Faso », a expliqué, dans un communiqué, le porte-parole du gouvernement de la Transition, Jean-Emmanuel Ouedraogo.

« Le gouvernement a donc décidé en toute responsabilité, et au nom de l’intérêt supérieur de la Nation, de la suspension sine die de la diffusion des programmes de France 24 sur l’ensemble du territoire national », poursuit le texte.

Le gouvernement burkinabé dit ne pas contester la liberté des choix éditoriaux de la chaîne, mais il s’est interrogé sur l’éthique qui gouverne la pratique professionnelle du journalisme sur France 24 et a estimé avoir « la responsabilité de protéger » ses populations.

Début février 2023, France 24 a été mise en demeure pour l’emploi du terme « rebelles islamiques » à la place de groupes armés terroristes, pour qualifier les auteurs de l’enlèvement d’une soixantaine de femmes à la mi-janvier, dans le Nord du pays.

Le 3 décembre 2022, le gouvernement burkinabè a suspendu la diffusion de Radio France Internationale (RFI), en l’accusant d’avoir diffusé de fausses informations et d’avoir offert une tribune à des militants islamistes.

Les autorités burkinabé ont réaffirmé leur attachement à la liberté de presse et d’opinion. Elles ont invité les professionnels des médias à plus de responsabilité quant aux choix éditoriaux qu’ils opèrent dans le traitement de l’information sur le terrorisme.

Le pays est régulièrement la cible de groupes armés, responsable de plus 300 incidents en 2022. AQMI est l’un des groupes terroristes les plus actifs au Burkina Faso.

La suspension de France 24 intervient alors que l’armée burkinabè a neutralisé, dimanche, une quarantaine de terroristes dans des frappes à Oudalan, dans le Nord.