France: La LDH dénonce un « tournant autoritaire » du pouvoir

La Ligue française des droits de l’homme (LDH) a dénoncé, jeudi, un « tournant autoritaire » du gouvernement et un « mépris » de la démocratie parlementaire et sociale en France, qui s’étend désormais aux droits fondamentaux.

La défense des libertés est devenue le « sujet le plus brûlant de la période » en France, alors que la liberté de manifester est mise en cause par le durcissement des instructions données aux forces de police et de gendarmerie, y compris à l’égard de citoyennes et citoyens non violents, ce qui se traduit par des blessures graves, des mutilations et par une instrumentalisation toxique des forces de police, écrivent Patrick Baudouin, président de la LDH et ses présidents et présidente d’honneur, dans une tribune collective publiée dans le quotidien Le Monde.

“On assiste ainsi au retour des charges de brigades mobiles à moto, proscrites depuis la mort de Malik Oussekine en 1986, et à un usage disproportionné d’armes qu’aucune autre police européenne n’emploie en pareil cas. À Sainte-Soline (Deux-Sèvres), de nombreux manifestants ont été blessés, dont deux en danger de mort, tardivement secourus”, dénoncent-ils, quelques jours seulement après que le Conseil des droits de l’homme ait rappelé la France à l’ordre concernant la situation humanitaire dans le pays, pointant notamment des attaques contre les migrants, le profilage racial, des violences policières et un usage excessif de la force par les autorités lors des manifestations.

À Paris, poursuivent les auteurs de la tribune qui accusent le gouvernement d' »agresser » les organisateurs, des manifestations ont été interdites au dernier moment et si discrètement que la justice administrative a désavoué le préfet de police.

Et de poursuivre que la « surveillance systématique de la population va augmenter du fait de la loi récente utilisant la perspective des Jeux olympiques pour introduire la surveillance de millions de personnes à la recherche de « comportements anormaux » par des drones et des caméras dites « intelligentes » ».

Les responsables de la LDH s’alarment aussi que les droits des étrangers, y compris le droit d’asile, vont à nouveau être restreints par un ensemble de lois dont le président de la République semble avoir déjà décidé du contenu.

Ils estiment que le passage en force d’un pouvoir privé de majorité parlementaire, désavoué par une large majorité de citoyennes et citoyens, et contesté par la totalité des organisations syndicales de ce pays, vient de mettre en lumière un blocage sans précédent de l’agenda politique du « monarque républicain » et une crise démocratique profonde, touchant à la fois le fonctionnement réel des institutions de la République, le dialogue social, la confiance des citoyens en celles et ceux qui ont le devoir de les représenter et de les respecter.

« Tout se passe comme si le pouvoir actuel avait en tête, avec ce tournant autoritaire, de pouvoir sortir de son impasse politique en recherchant à tout prix une nouvelle majorité sans rivages à droite », renchérissent-ils.

« Nous appelons au contraire l’ensemble des citoyennes et citoyens et des organisations attachées au respect de l’Etat de droit à se mobiliser face à des gouvernants qui semblent avoir perdu plus que leur sang-froid : le sens même de leurs responsabilités », conclut la tribune.